mercredi 29 octobre 2025

Un rendez-vous galant derrière le drame des inondations de Valence ?

Ce 29 octobre 2025, un an après les inondations catastrophiques qui ont frappé la région de Valence et coûté la vie à 229 personnes, les questions sur la gestion de cette crise restent vives. Des zones d’ombre persistent notamment sur l’absence du président de la région, qui est resté injoignable alors qu’il déjeunait avec une journaliste. 

Photo : AB

Il y a un an, alors que des pluies torrentielles provoquaient des inondations catastrophiques à Valence, le président de la Communauté valencienne, Carlos Mazón, a passé près de quatre heures à déjeuner avec la journaliste Maribel Vilaplana dans le restaurant El Ventorro. Ce n’est qu’une semaine plus tard qu’il a révélé cette rencontre, un délai qui a immédiatement suscité des interrogations sur sa transparence. Mais c’est surtout ce qui s’est passé après le déjeuner qui alimente la controverse.

Mazón a accompagné Vilaplana à un parking proche, situé dans une direction opposée au trajet qu’il avait déclaré avoir emprunté pour se rendre au Parlement valencien, et est ensuite resté injoignable pendant 37 minutes. Il s’est enfin rendu au CECOPI, le centre de coordination des opérations et des urgences, chargé de gérer les interventions et l’alerte lors de catastrophes.Son agenda officiel reste flou, et ses déplacements de cette journée ne sont toujours pas totalement clarifiés. Mazón a changé de version à plusieurs reprises dans ses déclarations, que ce soit sur le lieu exact de ses réunions, son itinéraire ou les horaires de ses déplacements, ce qui alimente les doutes sur sa transparence et renforce la controverse autour de sa gestion de la catastrophe.

Cette révélation survient alors que le chef du PP, Alberto Feijóo, a annoncé que Mazón devra répondre à toutes les questions sur son agenda le jour des inondations au cours de trois commissions d’enquête, dont la première se tiendra le 17 novembre au Congrès. Mazón doit également comparaître devant le Parlement de la Communauté valencienne et le Sénat, bien que sa présence ne soit pas encore confirmée.

Des contradictions qui alimentent la controverse

Le président valencien a modifié à plusieurs reprises sa version des faits, notamment sur son itinéraire et les activités de la journée. Son agenda officiel ne mentionnait pas le déjeuner avec Vilaplana, qu’il avait qualifié de rencontre discrète liée à ses fonctions de président du PP de la communauté de Valence. Selon les médias, le parking de la journaliste se situe dans une direction opposée au Palau de la Generalitat, ce qui remet en question la chronologie officielle de Mazón et alimente les spéculations.

Mazón affirme avoir été informé de l’ampleur des décès à son arrivée au Palau et s’être ensuite rendu au Centre de Coordination des Opérations et des Urgences (Cecopi) pour gérer la crise. Cependant, aucune preuve ne confirme sa présence au Palau avant 20h28, soit 17 minutes après l’envoi de l’alerte, alors que des morts et des disparus avaient déjà été constatés.

La pression politique s’accentue

Au sein du PP de Valence, la pression monte pour un remplacement anticipé de Mazón. Feijóo subit des pressions croissantes alors que la justice et l’opinion publique réclament des clarifications. Daniel Sirera, ancien chef de cabinet de Mazón et président du groupe municipal du PP à Barcelone, estime que le président est « touché » par le nombre de victimes mais refuse l’idée d’une démission, soulignant la nécessité de continuer la reconstruction de Valence.

La juge Nuria Ruiz Tobarra, chargée de l’enquête judiciaire sur les inondations catastrophiques de Valence, a ordonné que la journaliste Maribel Vilaplana témoigne le 3 novembre. Cette décision annule deux convocations précédemment refusées par la juge, en mai et juin, qui avaient estimé que son témoignage n’était pas nécessaire. Les magistrats considèrent désormais que Vilaplana peut fournir des informations pertinentes sur les décisions prises par Carlos Mazón le jour des inondations, notamment sur le déjeuner qu’il a eu avec elle et ses déplacements ce jour-là.

maribel vilaplanas carlos mazon

De son côté, le premier ministre socialiste Pedro Sánchez n’a pas hésité à critiquer Mazón en des termes très durs. Dans une interview diffusée le 27 octobre 2025 sur Cadena SER, il l’a qualifié de  » menteur compulsif «  et a mis en doute sa légitimité à rester en fonction, soulignant que ne pas pouvoir communiquer avec précision son agenda officiel est inacceptable pour un responsable politique, surtout en situation de crise.

Cette prise de parole renforce la pression médiatique et politique sur Mazón, alors que la polémique sur son déjeuner avec Vilaplana ne cesse de croître.

Un rendez-vous qui pourrait coûter cher

Au-delà de la simple curiosité médiatique, ce déjeuner soulève une question politique majeure : un rendez-vous privé a-t-il contribué à retarder la gestion de la catastrophe et, indirectement, au drame qui a frappé Valence ? Les contradictions de Mazón, les incohérences de son agenda et la mise en lumière de ce déjeuner alimentent la polémique et mettent en lumière un déficit de transparence au plus haut niveau.

Le chef du Parti populaire, Alberto Núñez Feijóo, a renforcé la pression sur Carlos Mazón. Interrogé par les journalistes, il a affirmé que « Mazón devra répondre à toutes et chacune des questions qu’on lui posera », soulignant l’importance pour le président valencien de rendre des comptes sur sa gestion de la crise. Dans une interview ce week-end pour La Nueva España, Feijóo a rappelé que la continuité politique de Mazón « pend d’un fil » et que a rencontrer la journaliste Maribel Vilaplana, le jour des inondations, reste symbolique : un acte qu’il juge politiquement significatif, mais que la gauche exploite pour l’attaquer et détourner l’attention de la gestion réelle de la catastrophe.

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