Alors que la réforme des retraites occupe encore le cœur de la vie politique française, le débat est plus apaisé, voire inexistant, en Espagne. Qu’en est-il du système ibérique par rapport au système français ? Analyse.
Photo : C. Laurent
Lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre français Sébastien Lecornu a annoncé mi-octobre la suspension de la réforme des retraites. Le nouveau texte prévoyait un relèvement progressif de l’âge de départ à 64 ans. La suspension, si elle est adoptée par les parlementaires, gèlera l’âge légal à 62 ans et 9 mois.
De son côté, l’Espagne a elle aussi entrepris un recul progressif de l’âge de la retraite depuis 2013. Actuellement à 66 ans et 8 mois, il passera à 66 ans et 10 mois en 2026, pour terminer à 67 ans en 2027. Mais les actifs qui ont cotisé plus de 38 ans et 3 mois peuvent demander leur pension à partir de 65 ans. Alors qu’en France, il faut actuellement 42 ans et 3 mois de cotisations pour obtenir la retraite à taux plein.
Et dans la réalité ?
Dans les faits, les Français partent plus tôt à la retraite. Ils raccrochent le tablier à 63,3 ans en moyenne, soit exactement deux ans avant les Espagnols (65,3 ans).
Mais si l’on travaille plus longtemps au sud des Pyrénées, les montants perçus sont assez similaires : 1530 euros par mois en moyenne en France, 1508 euros en Espagne. Le niveau de vie étant inférieur dans la péninsule ibérique, les Espagnols s’en sortent plutôt bien. Du côté des travailleurs indépendants, l’écart est un peu plus marqué : la moyenne est de 1150 euros en France et 1011 euros en Espagne.
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Mais tout n’est pas que chiffres. L’Espagne est aussi régulièrement classée parmi les meilleurs pays où prendre sa retraite. La meilleure inclusion des seniors dans la société, les centaines de structures qui leur sont destinées à travers le pays pour leurs loisirs et leurs liens sociaux, les réductions pour plus de 65 ans dans les cinémas, spectacles et autres activités permettent une retraite active et épanouie.
Au point que le pays est aussi devenu une destination de choix pour retraités du monde entier. « À la retraite, nos moyens sont plus réduits, donc on cherche le soleil pour pas cher. Ici, la location de notre appartement nous coûte exactement ce que l’on dépenserait pour notre chauffage en hiver dans notre résidence principale », nous racontait récemment Gabrielle, 78 ans et originaire de Nantes. Une idée qui séduit de plus en plus de Français.