jeudi 6 novembre 2025

Pourquoi faire ses courses en Catalogne, aux Baléares et Pays basque coûte plus cher qu’ailleurs en Espagne ?

Une même liste de produits coûte en moyenne 800 euros de plus par an en Catalogne qu’à Valence ou en Andalousie, selon la dernière étude de l’Organisation de Consommateurs et Utilisateurs (OCU).

Photos : Clémentine Laurent

Quel bonheur pour un Barcelonais en vacances de faire ses courses en Andalousie ou en Galice. La différence de prix y est particulièrement flagrante sur certains produits, qui peuvent passer du simple au double selon l’OCU. Plusieurs facteurs expliquent ces variations.

Dans les zones sous tensions comme Barcelone, Saint-Sébastien ou Palma, les loyers commerciaux et les coûts logistiques pèsent lourdement sur les prix de vente. Les distributeurs doivent répercuter les charges élevées liées à la location des locaux, au transport et à la main-d’œuvre. Ces surcoûts sont particulièrement visibles dans l’aire métropolitaine de Barcelone, où les communes de Cerdanyola del Vallès, Castelldefels et Cornellà de Llobregat sont les plus chères de la région, soit 10 % au-dessus de la moyenne nationale.

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Les îles Baléares subissent, elles, le handicap du transport maritime. Acheminer les marchandises depuis la péninsule renchérit automatiquement la distribution, surtout pour les produits frais. Même constat au Pays basque, où les salaires moyens plus élevés et le coût de la vie général tirent les prix vers le haut.

Grandes chaînes, petits prix

Car dans les zones à pouvoir d’achat plus élevé, les enseignes savent qu’elles peuvent maintenir des marges plus importantes. Ces villes dites “colchón de renta” (coussin de revenu) abritent souvent des classes moyennes ou supérieures, prêtes à payer davantage pour la proximité, la qualité perçue ou le confort.

Ce phénomène est visible dans les périphéries de grandes métropoles comme Barcelone ou Bilbao, où les habitants, souvent des cadres travaillant dans la grande ville, réalisent leurs achats dans des commerces où la concurrence sur les prix est moins agressive que dans les zones à faible revenu.

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Dans les zones rurales ou de taille moyenne où les grandes surfaces dominent, la centralisation logistique et le volume permettent par ailleurs de réduire les coûts unitaires. À l’inverse, en Catalogne ou au Pays basque, le tissu commercial reste très fragmenté, avec une forte présence de commerces de proximité et moins de grandes enseignes low cost. Ces petits formats ont des marges plus réduites et des prix plus élevés pour compenser leurs charges fixes.

Barcelone : des contrastes saisissants

Même à l’intérieur de la capitale catalane, les écarts de prix surprennent. Ainsi, le supermarché le plus cher de Catalogne se trouve dans le quartier populaire du Guinardó, un secteur résidentiel de classe moyenne. L’établissement Suma de la Ronda del Guinardó affiche un ticket moyen supérieur de 25 % à la moyenne barcelonaise. À l’opposé, le Alcampo de l’Avinguda Diagonal est identifié comme le plus économique, avec jusqu’à 2 700 euros d’écart annuel entre les deux pour une consommation équivalente.

Cette disparité s’explique par le manque de concurrence locale : peu de grandes chaînes implantées dans le quartier, un parc commercial ancien et une clientèle fidèle, qui privilégie la proximité à la comparaison des prix.

À l’inverse, la Communauté valencienne, Murcie, Galice, l’Estrémadure et l’Andalousie affichent les tickets les plus bas, grâce à la proximité des zones agricoles et à la forte implantation de chaînes à bas coût comme Dani, Family Cash ou Alcampo.

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