Celui qui fut le plus jeune chef étoilé de France puis le premier chef étoilé d’Espagne a été décoré hier de la médaille de la Légion d’honneur par l’ancien Premier ministre Manuel Valls.
Photos : NS/Equinox
Entouré de sa famille, de ses amis d’enfance et de ceux d’aujourd’hui, des plus grands noms de la gastronomie catalane et des compagnons de route d’une aventure entrepreneuriale unique, Romain Fornell n’a pas caché son émotion ce jeudi soir. Nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 13 juillet dernier, il recevait sa médaille hier, des mains de l’ancien Premier ministre Manuel Valls.
Les deux hommes se connaissent bien, depuis le retour du politique français sur les terres familiales et son mariage avec la Catalane Susana Gallardo. « Vous êtes mon ami, a déclaré Manuel Valls, et c’est un immense honneur et plaisir pour moi d’être ici pour le jour le plus important de l’année ». L’ancien Premier ministre a salué le parcours de Romain Fornell, « qui n’a rien d’un long fleuve tranquille », puis raconté l’histoire de « ce jeune garçon qui n’aimait pas l’école » et qui a trouvé dans la cuisine sa vocation et sa passion.
A 24 ans, le jeune Toulousain devient le plus jeune chef étoilé de France. Et deux ans plus tard, il part pour Barcelone, où personne ne l’attend, où il doit apprendre une langue, une culture, de nouvelles manières de faire. Mais Romain Fornell apprend vite et travaille dur. On lui offre bientôt de piloter le restaurant du prestigieux Ritz. Ce sera la naissance du Caelis et très vite l’étoile Michelin, pour la première fois descernée à un Français d’Espagne. « Vous êtes aujourd’hui un pilier de la gastronomie barcelonaise, mais vous êtes resté fidèle à ce feu intérieur, votre parcours nous rappelle que le succès ne tombe jamais du ciel », poursuit Manuel Valls, « impressionné » par la détermination d’un homme pour qui « on réussit dans la vie en travaillant dur et sans se plaindre ».
La chance, c’est beaucoup de travail et de générosité
Submergé par l’émotion, Romain Fornell a quant à lui remercié ses amis toulousains puis tous ceux qui ont jalonné son chemin en Catalogne, et qui continuent de le faire. « Ma vie n’est que chance », a-t-il débuté son discours, avant de préciser que « la chance, ça ne s’attend pas, ça se provoque et ça s’entretient, c’est beaucoup de travail mais aussi de générosité envers les autres ». Les plus de 200 invités applaudissent, pour beaucoup témoins de cette générosité humble, noble et discrète du grand chef.
Celui à qui on avait dit qu’il n’irait pas bien loin avec un CAP loue aussi l’égalité des chances et le soutien des siens. Et, surtout, le travail. « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie » a-t-il lancé, citant Confucius.
Le maire de Barcelone Jaume Collboni, également présent, a confié à Equinox être très heureux de cette « reconnaissance de la trajectoire d’une personne qui a su unir les cultures et les cuisines ». Pour lui, Barcelone est « la somme de toutes les nationalités qui la composent », et « la communauté française y apporte beaucoup ». L’élu, qui comprend le français, a également souligné que les Catalans ont toujours été de grands francophiles.

