mardi 30 décembre 2025

[VIDÉO] Dans les coulisses du Nouvel An à Barcelone

Derrière les lumières, les files d’attente et les pistes de danse pleines, le réveillon du Nouvel An mobilise toute une chaîne de professionnels. DJs, managers et agents de sécurité racontent une nuit particulière, révélatrice des transformations profondes de la vie nocturne barcelonaise.

À quelques heures du passage à la nouvelle année, Barcelone se met en ordre de marche. Dans les rues, les décorations brillent encore, tandis qu’à l’intérieur des clubs, l’effervescence est plus discrète mais bien réelle. Tests de lumière, réglages sonores, briefings d’équipe : avant que la fête n’envahisse les pistes, toute une mécanique se met en place.

Un public exigeant et changeant

Avant même l’ouverture des portes, les clubs ajustent leur organisation pour une soirée où les attentes sont plus élevées que le reste de l’année. Au City Hall, salle emblématique du centre-ville de Barcelone, Fede Morpurgo, manager et directeur artistique, résume l’enjeu d’un ton posé  : « Pour le Nouvel An, le prix d’entrée est plus élevé, donc le public attend un service à la hauteur. » Mais au-delà de cette soirée exceptionnelle, c’est surtout l’évolution du public qui frappe.

Il explique en haussant légèrement les épaules : « On observe un vrai changement générationnel. Les plus jeunes ont moins envie de sortir, moins envie d’exagérer avec l’alcool. Aujourd’hui, là où il y a du monde, c’est surtout un public de plus de trente ans, ce qui permet d’avoir une bonne affluence et un bénéfice plus stable. » Une mutation qui pousse les établissements à repenser leur programmation, leur accueil et leur manière de faire la fête, dans un contexte où remplir une salle est devenu un défi quotidien, même lors d’événements aussi emblématiques que le Nouvel An.

Entre platines et contraintes

À la Paloma, club historique du quartier du Raval, le DJ Julian Reca ajuste le son dans une salle encore vide, pendant que les lumières sont testées et que le matériel est vérifié. Avec un petit sourire en coin, il confie : « Les fêtes ont changé, la société aussi. Les nouvelles générations sont arrivées avec d’autres attentes. »

Les contraintes actuelles influencent également sa manière de mixer : « Avant, il n’y avait pas vraiment de limites : ni sur le volume sonore, ni sur les horaires de fermeture. Aujourd’hui, le son est moins fort et les clubs ferment plus tôt. » Julian explique en gesticulant légèrement pour montrer son propos : « Je préfère désormais les salles plus petites, plus intimistes. Le rapport avec le public est plus direct, plus humain. »

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Même lors d’une nuit comme celle du Nouvel An, les tensions restent anecdotiques. Il rit doucement : « Il y a toujours quelqu’un, souvent en fin de soirée, qui vient te demander un morceau qui n’a rien à voir. Mais sur des dates comme celles-ci, je n’ai jamais eu à déplorer quelque chose de vraiment grave. »

Veiller sur la nuit

Eddie, vigile depuis huit ans dans différents clubs de Barcelone, connaît bien les spécificités du réveillon. « C’est un peu plus compliqué que les autres nuits, parce qu’il y a des gens qui ne sortent pas de l’année et qui profitent de cette soirée pour faire la fête », explique-t-il d’un ton calme. L’alcool joue souvent un rôle central. « Les incidents les plus fréquents sont les bagarres, surtout parce que certaines personnes arrivent déjà alcoolisées », précise-t-il en haussant légèrement la voix pour insister sur l’importance de la prévention.

Pour autant, Eddie tient à nuancer : « À Barcelone, on a rarement de gros problèmes. On n’a jamais eu à déplorer quelque chose de grave », dit-il en secouant légèrement la tête, comme pour rappeler que les clichés sur la violence sont exagérés. Selon lui, l’expérience des équipes et l’organisation des établissements font toute la différence. « Dans les clubs plus petits, c’est souvent plus facile à gérer ».

Travailler le soir du 31 décembre implique aussi des sacrifices personnels. « C’est une nuit où on ne fête pas avec sa famille, on ne mange pas les raisins à minuit », confie-t-il, un brin de nostalgie dans la voix. Mais une reconnaissance existe : « C’est une nuit spéciale, donc on est payés double ». Pendant que la ville célèbre le passage à la nouvelle année, Eddie et ses collègues veillent, dans l’ombre, à ce que la fête reste maîtrisée et sécurisée.

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