Une fois la nuit tombée et le rideau baissé du Mobile World Congress de Barcelone, s’en lève un tout autre. Discothèques, clubs de séduction, strip-tease. Immersion dans les dessous de la vie nocturne des entrepreneurs de la tech internationale.
Robes courtes, talons hauts d’une dizaine de centimètres, sous-vêtements recouverts d’une nuisette transparente. Lumière tamisée, musique à fond, fumée sur podium. Femmes au milieu, hommes sur côtés. Et que commence le show pour « des clients de qualité », comme aime les définir Andrès, le patron du Dollhouse à Barcelone. Depuis samedi 25 février, ceux qui passent le pas de la porte de cette « maison des poupées » du bas de la Rambla, ne sont pas banals. Ils viennent des quatre coins du monde avec deux points communs : leur porte-monnaie, et leur actuel lieu de représentation. Le Mobile World Congress (MWC).
« Par expérience, je les reconnais. La façon dont ils s’habillent, leur démarche. Je sais à quoi ils ressemblent », assure Andrès. Un client d’une quarantaine d’années entre dans le hall. Baskets blanches, pantalon de costume, sweat-shirt. « Lui, par exemple, il vient du MWC », ajoute le gérant du Dollhouse, à voix basse. La discrétion fait partie du deal. Pas de photos, pas de vidéos, pas de questions. Nul besoin de parler, après tout. Ou en anglais à la rigueur, pour chercher une « fille » et l’inviter à boire un verre.
Des hommes de 40-50 ans du monde entier
« Ce sont beaucoup d’Indiens, de Chinois, et d’Asiatiques en général. Des hommes d’affaires qui travaillent chez Huawei, Xiaomi, ou d’autres entreprises de technologies ». Ils viennent tout droit du MWC, et sont à 90 % masculins. Ils ont entre 40 et 50 ans pour la plupart. Et ce sont eux, les premiers à arriver dans ce genre de clubs nocturnes. « Les Orientaux viennent en groupe, en fourgonnettes privées et attendent devant la porte dès 22 h 30, une demi-heure avant l’ouverture », assure Juani De Lucia, gérante du Bagdad, club de strip-tease situé dans une rue perpendiculaire à la Rambla, près de l’Apolo.

Mais suffisamment pour arranger les affaires des clubs « de séduction » comme le Dollhouse ou le Bagdad. Pendant les dix jours autour du Congrès, entre le 25 février et 5 mars, ces entreprises renflouent amplement les caisses. Celles des boîtes barcelonaises ne sont pas tant impactées, estime le secrétaire général du syndicat des discothèques.
Plusieurs milliers d’euros dépensés
« Durant l’hiver, le Mobile World Congress est l’unique événement qui nous amène autant de monde. Même si les clients étaient plus nombreux lors des précédentes éditions, ceux d’aujourd’hui dépensent plus. Jusqu’à quelques milliers d’euros », ajoute Andrès du Dollhouse, où le flux s’avère à peu près continu, et jusqu’à l’aube le jeudi. Autant d’heures où les clients chauffent la carte bleue.
Au Bagdad, pareil. Le chiffre d’affaires explose. « Ils prennent des verres, invitent les filles, des bouteilles de champagne à 1 000 €. Cinq ou dix par soirée, je dirai. » Dans ce club barcelonais qui existe depuis 1975, le Mobile World Congress lance définitivement la saison. Quand après deux années de Covid, le Bagdad pouvait remonter le rideau, c’est à l’occasion ce rendez-vous international de la tech qu’il l’a fait. Certains clients deviennent même, avec le temps, des habitués.
