À Barcelone, la chasse aux touristes est ouverte

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Ce mois d’avril 2025 a conduit à la première action anti-touristes de Barcelone, dans la droite ligne de ce que l’on a vu l’été dernier. Cette stratégie de spectacle populaire et tourismophobe portera-t-elle ses fruits ?

Photo : Victor Serri pour La Directa

L’été n’est même pas encore là, mais les touristes si, et leurs détracteurs également. À l’approche d’une saison touristique qui s’annonce record, la ville voit ressurgir une colère populaire que ni les slogans ni les jets d’eau ne suffisent plus à contenir. Le 27 avril dernier, un bus touristique a été bloqué devant la Sagrada Família par des activistes armés de pistolets à eau, dénonçant la « surchauffe touristique » avec une banderole explicite : « Apaguemos el fuego turístico » . Une action symbolique, brève mais percutante, orchestrée par l’Asamblea de Barrios por el Decrecimiento Turístico, qui appelle à une nouvelle mobilisation le 15 juin.

Cette scène n’est pas isolée et rappelle un moment similaire l’été dernier. À l’époque, près de 20 000 Barcelonais avaient manifesté contre le surtourisme, certains aspergeant les vacanciers attablés en terrasse avec des pistolets à eau . Un acte qui avait fait le tour des JT du monde entier, jusqu’à donner à la cité comtale la réputation d’une ville « anti-touristes ».

Dans les faits, rien n’est moins vrai : 70% des Barcelonais se disent favorables au tourisme. Pourtant, les murs du centre historique restent tagués de messages tels que « Tourists go home », et l’année dernière des initiatives citoyennes ont même tenté de faire disparaître les lignes de bus menant au parc Güell de Google Maps.

La rumeur populaire qui gronde et semble se propager avec succès aux quatre coins du monde finira-t-elle par nuire à l’économie barcelonaise ? La mairie ne l’espère pas. Contactée, elle se désolidarise complètement des actions d’avril : « Nous rejetons ces faits, les protestations contre le tourisme de masse doivent toujours être compatibles avec le respect des personnes qui visitent notre ville. Il n’est pas acceptable de jeter de l’eau sur qui que ce soit. Nous respectons le fond du débat et le droit de manifester. Mais c’est un débat complexe, qui ne se résout pas avec des solutions simplistes ou des performances comme celle-là. »

Que fait la mairie ?

Concrètement, le maire Jaume Collboni a annoncé la suppression progressive des plus de 10 000 logements touristiques d’ici 2029. Il a aussi annoncé une négociation avec le Port pour réduire le nombre de terminaux de croisière, l’augmentation de la taxe touristique et la mise en place de politiques de retour social du tourisme (climatisation des écoles primaires avec les revenus générés par le secteur).

Lire aussi : À Barcelone, la tourismophobie est-elle une forme de xénophobie ?

Des mesures saluées par certains, mais jugées insuffisantes par d’autres, qui pointent du doigt une politique trop favorable aux intérêts économiques du secteur touristique. Avec une moyenne de 170 000 visiteurs par jour, le tourisme représente 13,5 % du PIB de Barcelone et est donc un secteur clé pour les finances.

Barcelone

En attendant cet été et de très probables nouveaux coups d’éclat des associations anti-touristes, la mairie croit en une solution de compromis : « La façon de combattre le tourisme de masse est la suivante : retrousser ses manches et continuer à travailler dur pour garantir une Barcelone où nous avons un tourisme de meilleure qualité, qui génère des emplois et qui ne nuit en rien à la vie des Barcelonais. »

De leur côté, les associations veulent « imposer les changements et les politiques dont nos territoires, leurs habitant·es et la planète ont besoin : poser des limites à l’exploitation touristique, transformer nos modèles productifs et en finir avec ce tourisme fondé sur la consommation aveugle et illimitée des lieux, des ressources et des habitant·es ». À voir maintenant quelle technique l’emportera, et à quel prix pour les touristes et les citoyens.

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