Barcelone peut-elle être encore la capitale de la Catalogne ?

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Édito de Nico Salvado, fondateur d’Equinox.

Avec ses 43 milliards d’euros annuels, finançant la police, l’éducation, le système de santé, les politiques sociales et culturelles, la Catalogne jouit de certaines compétences qui lui permettent de gérer son quotidien de manière autonome. Une hiérarchie institutionnelle rendue possible grâce décentralisation mais qui trouve ses racines dans l’histoire du pays, oú la Catalogne a toujours exercé une forte influence et a affirmé son identité propre. La Catalogne est donc une espèce d’ersatz de nation sans État.

Grâce à son port, Barcelone s’est transformée en un centre commercial clé, reliant l’Europe à l’Afrique du Nord, au Moyen-Orient et à l’Italie. Cette prospérité économique a attiré richesses et population, consolidant son rôle dominant en Catalogne, et au fil des siècles, devenant la capitale.

Si Barcelone est une capitale économique et culturelle, le camp indépendantiste voit aussi la ville comme le siège de la nation catalane. Quitte à s’y casser les dents. Lors de la tentative d’indépendance unilatérale de 2017, certes, Barcelone a été le théâtre des plus grandes manifestations nationalistes de l’histoire. Mais elle a vu toutes ses communautés s’opposer, à différents degrés, à la tentative de sécession. À Barcelone, cohabitent, en relative harmonie, 179 nationalités différentes.

L’intelligentsia indépendantiste est condescendante avec cette diversité barcelonaise, expliquant que la ville est une espèce de tour de Babel construite par ses 25 % d’étrangers. Une Babylone moderne qui ouvre grand ses portes aux 15 millions de touristes annuel, des visiteurs drainant la langue anglaise dans toute la ville, reléguant l’usage du catalan principalement aux administrations et au monde de la culture. Selon une enquête de 2024 publiée par la mairie de Barcelone, uniquement 36,2 % des Barcelonais utilisent le catalan comme langue habituelle au quotidien. C’est 12 points de perdus en 20 ans.

Difficile de bâtir une capitale sur un port avec son activité qui dessine et définit le visage sociétal. Barcelone ressemble plus à New-York qu’à Washington. Et si finalement, le Washington catalan n’était pas la ville de Gérone ? Au nord de la Catalogne, 70 % des habitants utilisent le catalan quotidiennement, les indépendantistes sont au pouvoir dans toutes les institutions (mairie, département) et historiquement Gérone est un bastion de résistance catalan lors des guerres espagnoles et françaises au 18e siècle.

Au vu des naissances internationales, à Barcelone, 2 bébés sur 10 sont d’origine étrangère tandis que les « natifs » jeunes, en couple et avec un enfant, sont les plus nombreux à quitter la ville. La Barcelone new-yorkaise et la Gérone washingtonienne semble être désormais le futur de la Catalogne.

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