« En espagnol, je suis nul » : la débrouille des jeunes étudiants français à Barcelone

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Chaque année, Barcelone attire des milliers d’étudiants venus du monde entier. En 2022, plus de 11 000 jeunes Français ont choisi l’Espagne pour leurs études. Parmi eux, une croissante majorité ne parle pas espagnol. Rencontre. 

Anglais, allemands, asiatiques… Les touristes défilent devant Enzo, 20 ans, assis derrière une petite caisse installée face aux quais. Polo gris, sourire accueillant, c’est dans un stand de location de bateaux qu’il effectue son stage de fin d’année dans le cadre d’un BTS commerce international. « J’ai prévenu que je ne parlais pas espagnol, j’ai fait allemand au lycée et ça n’a posé aucun problème » explique-t-il.

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Mais vivre à Barcelone sans parler la langue locale n’est pas sans conséquences. Il admet avoir eu des appréhensions à son arrivée. « Là où je travaille, on parle plusieurs langues, donc ça va. Mais quand les gens ne parlent que l’espagnol, c’est compliqué. » Alors, comment se débrouiller quand la langue locale prend le dessus ?  « J’essaie de me faire comprendre ou alors je parle anglais. Ça me le renforce aussi. »

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Un peu plus loin, à la Barceloneta, c’est le même son de cloche chez Arno, lui aussi en stage au bord de la mer : « j’ai toujours rêvé de vivre à Barcelone. C’est une ville que j’aime énormément. » Affecté à un stand de location de jet-ski, il tente lui aussi de se débrouiller sans base solide dans la langue locale. « Je ne révise pas, l’espagnol, j’ai toujours été nul, j’ai appris tout seul entre le collège et le lycée. »

Mais contrairement à son ami, lui tente d’éviter l’anglais pour se débrouiller uniquement en espagnol, même avec un vocabulaire limité. « Je remarque des progrès parce que quand t’as pas le choix, t’as pas le choix, mais c’est vrai que je m’attendais à beaucoup plus pratiquer la langue » souligne-t-il. « Je savais qu’il y avait beaucoup de Français ici, mais pas à ce point. Du coup, j’essaie de sortir dans des endroits plus locaux, pour m’immerger un peu. »

Une ville de plus en plus internationale

Enzo, lui, estime progresser lentement, mais sûrement : « avant, je ne comprenais rien, je regardais les gens avec des gros yeux. Maintenant, j’arrive à capter des mots. » Et comme pour beaucoup, « c’est surtout l’expression orale qui est difficile. » Le jeune étudiant n’exclut pas de revenir vivre ici un jour, « mais il faudrait que je n’aie pas le choix de parler espagnol, sinon je trouverai toujours un moyen de m’en passer ! »

Comme lui, des milliers de jeunes viennent en stage sans parler la langue, tandis que des milliers d’autres viennent étudier en anglais. Les universités espagnoles n’exigent pas de certification de la langue et l’Université de Barcelone propose de nombreux programmes dans la langue de Shakespeare pour attirer les étudiants internationaux. Une stratégie qui fonctionne au vu le nombre d’arrivées chaque années, mais qui complique l’intégration et invisibilise une culture locale pourtant riche.

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