Le problème touristique de Barcelone est commenté partout, tout le temps, mais il faut rectifier le sujet. Le souci n’est pas le nombre de touristes, mais combien d’entre eux se rendent au même endroit, au même moment.
Photo : Clémentine Laurent
Avec plus de 20,3 millions de visiteurs par an pour à peine 101 km², Barcelone enregistre une densité annuelle moyenne de 201 722 touristes par kilomètre carré. Un chiffre impressionnant qui dépasse largement ceux de Cancún (147 887), Porto (143 902) ou encore New York (137 712).
Attention, ce chiffre ne signifie pas que 200 000 personnes arpentent en permanence chaque kilomètre carré de la ville, il reflète plutôt l’accumulation de flux touristiques au fil de l’année : une pression continue qui pèse sur les infrastructures, les habitants et l’espace public. Symbole de cette surcharge, la Sagrada Família concentre à elle seule plus de 4,5 millions de visiteurs annuels, rivalisant en densité touristique avec des sites emblématiques comme le Colisée de Rome ou la Grande Muraille de Chine.
Sa fréquentation dépasse de loin sa capacité d’accueil réelle, faisant d’elle le point névralgique du surtourisme à la catalane. Le surtourisme, par ailleurs, mot souvent utilisé à tort, ne signifie pas qu’il y a trop de touristes mais trop au même endroit au même moment. Ainsi, ce contre quoi se battent les Barcelonais n’est pas tant le tourisme – qui, ils le savent, est un levier économique puissant – mais la massification de ce dernier.
Sur une carte datant de 2010 (mais qui n’a pas trop changé), les architectes Cynthia Perez et Enrico Porfido cartographiaient cette pression qui se concentre en trois points névralgiques : la Sagrada Família, le Park Güell et Ciutat Vella, le centre historique.
Un problème de taille
Ce problème de massification touristique est beaucoup moins remarquable dans d’autres villes comme Paris par exemple. Une surprise, puisque la capitale française est à peine plus grande que la catalane (105 km²). Mais ce phénomène s’explique par la meilleure dispersion des points d’intérêt : il n’ y a pas 3 centres névralgiques mais une poignée comme l’Arc de triomphe, la tour Eiffel, le Louvre, les bords de Seine, le Trocadéro, les Tuileries, etc.
Pour contrer ce phénomène à Barcelone, la stratégie est complexe. Il faudrait dans l’idéal agrandir le Park Güell et Ciutat Vella, construire une annexe de la Sagrada Família ailleurs ou tout simplement inventer de nouveaux lieux embématiques. Des solutions évidemment impossibles à mettre en oeuvre.
Faute de mieux, l’heure est donc à la régulation, aux quotas et à l’information. C’est comme ça que la ville a créé « Presión turistica », un site web dédié au sujet, afin de communiquer sur la massification de la ville.