À Barcelone, peut-être plus qu’ailleurs, l’été est propice aux rencontres… mais aussi aux grandes désillusions.
Deuxième communauté d’étrangers de la ville, les Français pullulent aussi sur les applications de rencontre. Et si vous pensiez y croiser l’âme sœur, ou ne serait-ce qu’un flirt qui vous rappellerait la mère patrie, détrompez-vous. Car dans ce monde parallèle, les pires caricatures de la ville semblent s’être donné rendez-vous pour vous convaincre, une fois de plus, que l’amour, c’est décidément l’infini à la portée des caniches. Un conseil : swipez à gauche si vous les croisez.
Le nouveau riche crypto influent
Bio : « Entrepreneur digital. Barcelone – Dubaï – Genève »
Il avait pourtant tout pour plaire : corps sculpté, photos à Bali, compte en banque bien fourni. Seulement voilà, cet homme a fait fortune (ou presque) grâce à une obscure crypto en 2021, et prêche depuis la bonne parole à quiconque n’aurait pas encore eu la présence d’esprit de rejoindre sa team. Depuis, il s’est offert un penthouse à l’Eixample et enchaîne les rooftop parties dans des hôtels de luxe, tout en clamant à qui veut l’entendre qu’il aime les choses simples (cf : les huîtres et le champagne).
Il a déjà proposé à trois dates de lancer un business de NFT ensemble, et compte bien sur vous pour saisir cette opportunité en or. D’ailleurs, il a écrit un e-book intitulé “Comment se libérer des contraintes du 9-5”, qui devrait achever de vous convaincre (ou de vous achever tout court).
Red flags : Parle de “mindset”, explique que le salaire est “un choix”, et vous envoie le lien vers son podcast dès le premier message.
Le bobo arty en reconversion professionnelle
Bio : « Artiste pluridisciplinaire. Poblenou. Insta : @antoine.univers »
Il vit avec six colocs, roule dans un van retapé par quelqu’un d’autre, et crée des œuvres « expérientielles” que personne, pas même lui, ne comprend. Il a reçu deux ou trois subventions pour des résidences artistiques, mais ça ne l’empêche pas d’organiser des expos privées dans des squats pour honorer ses racines.
Vous vous demandez s’il a lui aussi lu le e-book “Comment se libérer des contraintes du 9-5”, car selon ses stories, il est constamment en vadrouille : brunch le matin, poterie l’après-midi, acro-yoga au coucher du soleil. Il semble vivre sa meilleure vie, mystérieusement soustrait aux lois du capitalisme.
Au fil de la conversation, vous découvrez que sa reconversion consiste à toucher le chômage français post-licenciement d’un job de commercial à La Défense. Et qu’il s’appelle en réalité Pierre-Alexandre.
Il parle cinq langues, sauf l’espagnol (mais jure qu’il “capte la vibe”), et vous invite à une “perf sonore” mêlant bols tibétains et field recordings de pigeons, dans une usine abandonnée.
Red flags : “J’adore ton énergie.” “J’ai l’impression de t’avoir déjà rencontrée…” “Tu aimes les massages à l’huile d’arnica ?”
Le mec qui fait des pecs au lieu de phrases
Bio : « Discipline. Courage. Détermination. J’aime les femmes naturelles. »
Il vit dans une résidence avec piscine à Sant Martí, qu’il mentionne dès votre seconde interaction, passe trois heures par jour à la salle, et affirme fièrement que lire sur son portable, au final, c’est comme lire des livres. Il se demande d’ailleurs pourquoi vous voulez parler autant avant le premier date.
Il adore Barcelone “parce qu’il y a la mer et la muscu en plein air” et vous propose un premier rendez-vous en mode coaching perso. Spoiler : vous finirez à faire des abdos sur la plage en vous agrippant à ses chaussettes sales.
Red flags : Adepte des selfies torse nu. Citations de Mike Horn. Étonnante passion pour les shorts cyclistes.
L’adulescent
Bio : « On va prendre un verre ? C’est toujours mieux en personne ! »
Si un homme de plus de 30 ans passe encore le plus clair de ses journées à faire du skateboard, il y a 99 % de chances qu’il ne soit pas l’homme de votre vie, mais un enfant choyé par sa maman jusqu’à un âge ridiculement avancé, qui se comporte encore comme un ado mal dégrossi.
Alors oui, il est charmant, il vous rappelle vos années lycée… jusqu’au jour où vous découvrez qu’il se lave avec du liquide vaisselle et dort sur un matelas à même le sol qu’il a trouvé dans la poubelle. Il prendra d’ailleurs très rapidement ses aises chez vous, après avoir jeté ses deux sacs à dos dans un coin de votre salon. Mais attention, quand la calvitie aura eu raison de sa crinière, et que vous réaliserez qu’il n’a jamais quitté la terminale, il sera trop tard pour agir.
Red flags : Skateboard sous le bras en soirée. Accro aux boissons énergétiques. Connaît tous les bars les moins chers de la ville mais oublie son portefeuille à chaque fois. Écoute Nekfeu au second degré (enfin… il croit).