Barcelone voit ses trésors du XIXᵉ siècle se dégrader. Les monuments de l’Exposition universelle de 1888, témoins du modernisme catalan, sont menacés par le temps et la pollution.
Photo : AB/Equinox
Depuis quelques semaines, certains monuments de la capitale catalane se parent de filets et d’échafaudages, signes visibles du lancement des travaux de restauration. Plusieurs symboles de l’Exposition universelle de 1888 subissent les ravages du temps, de la pollution et du vandalisme, la pierre artificielle et le fer se détériorant rapidement. Pour y remédier, la municipalité a engagé des interventions ciblées, notamment sur l’Arc de Triomf et le Monument à Christophe Colomb, afin de préserver leurs sculptures, pierres et bronzes.
En 1888, Barcelone accueillait sa première Exposition universelle, projet initié par le maire Francesc Rius i Taulet pour promouvoir une Catalogne moderne et prospère. De grands architectes comme Josep Fontserè, Lluís Domènech i Montaner et le jeune Antoni Gaudí ont participé à l’événement. Les monuments construits, conçus comme infrastructures d’accueil mais destinés à rester, marquent un tournant dans l’urbanisme barcelonais et annoncent le modernisme catalan. Mais ces monuments modernistes sont désormais fragilisés par la corrosion et les dommages causés par des agents extérieurs (oiseaux, pollution, vandalisme). Pour les protéger, la municipalité de Barcelone a lancé plusieurs projets de restauration.
En briques apparentes, l’Arc de Triomf mêle céramique émaillée, pierre sculptée et fondations en pierre de Montjuïc. Conçu par Josep Vilaseca i Casanovas, son décor polychrome symbolisait en 1888 la porte d’entrée de l’Exposition universelle du parc de la Ciutadella. L’architecte a également utilisé un matériau novateur, la pierre artificielle importée de France et de Hongrie. Ce matériau, peu coûteux et facile à modeler, permettait de réaliser rapidement des éléments décoratifs complexes, mais il s’est révélé fragile au fil du temps, ce qui explique la dégradation actuelle. Sa restauration va bénéficier d’un budget de 96 800 euros, tandis que le Monument à Christophe Colomb bénéficie d’une intervention similaire pour préserver la pierre et le bronze.
Conçu par Gaietà Buïgas et inauguré le 1er juin 1888, le Monument dédié au navigateur domine Barcelone avec ses 60 mètres de hauteur. La colonne, en fer coulé et forgé, repose sur un piédestal en pierre de Montjuïc, surmonté d’une statue en bronze de sept mètres réalisée par Rafael Atché représentant l’explorateur pointant l’horizon. À l’instar de l’Arc de Triomf, ce monument combine matériaux traditionnels et modernes, comme la pierre locale, le fer, le verre, la céramique et le bronze, illustrant à la fois la créativité et l’audace technique des architectes de l’époque tout en révélant les limites de certains matériaux économiques.
Enfin dans le parc de la Ciutadella, le Castell dels Tres Dragons, fermé depuis 2011 et abritant des collections scientifiques, entre en réhabilitation complète : façades, arcs, toiture et balcons seront rénovés lors de travaux de 14 mois pour 8 millions d’euros. À terme, il accueillera des espaces d’exposition, un auditorium et une bibliothèque.