De toutes les tailles et de toutes les races, on les croise partout et à toute heure dans les rues de la ville. Les chiens sont près de 750 000 à Barcelone : une véritable manne pour les professionnels du secteur et un sacré budget pour des maîtres qui dépensent sans compter.
« Lui, c’est mon bébé ». Maria, Barcelonaise pur jus, nous présente Rocky, bichon frisé de quatre ans qu’elle regarde avec amour. Cette petite bête au regard malin, c’est la prunelle de ses yeux. Mais quand on aborde le sujet du coût de l’animal, elle avoue : « c’est vrai que c’est un budget. Entre les croquettes bio, le vétérinaire privé, les vaccins, le toiletteur toutes les trois semaines… ça monte vite ! » Jusqu’à 80 à 100 euros par mois pour la sexagénaire. « Puis en fin d’année, il aura son petit cadeau de Noël… »
Nicolas, expatrié belge depuis 5 ans, a choisi le grand format et a adopté Alf, un vif labrador blond. Pas facile en appartement ? « Si ! Avec ma compagne, on vient de s’installer à Poblenou et on s’est agrandi. Il a de l’espace et on le sort dès on peut. Il n’est vraiment pas malheureux. » Pour lui, le passage à la caisse a commencé dès l’achat de l’animal : 900 € chez un éleveur certifié. « Les arnaques sont nombreuses sur Internet, on a fait attention », met-il en garde. Il se félicite d’habiter une ville où les chiens sont les bienvenus dans l’espace public et la plupart des commerces et restaurants. « Rien à voir avec l’Europe du nord ! »
Des commerces « de niche » florissants
Les chiens sont environ 750 000 à Barcelone, d’après un recensement de la mairie (*). Ils occupent un foyer sur quatre et sont plus nombreux que les enfants de moins de 14 ans. Un immense marché dont se sont saisis les professionnels, à commencer par les commerces spécialisés qui pullulent en ville. A elle seule, la chaîne Miscota possède une dizaine de boutiques et propose plus de 40 000 références en ligne. On y trouve les produits obligatoires pour les promenades : laisses, petits sacs pour ramasser, gourdes pour rincer et muselières pour les molosses. Mais aussi des produits un peu plus farfelus : des yaourts à 0% ou au collagène, des snacks vegan, des chaussettes pour ne pas abimer les papattes…
Sur la Ronda de Sant Pere, Neko Neko ressemble à une boutique de prêt-à-porter classique, mais tout y est à taille de petit toutou : manteaux, bonnets, casquettes et même cravates. Le bien-être animal a aussi inspiré des entrepreneurs français : Ventre à Pattes, salon de toilettage et boutique d’alimentation naturelle, prodigue des conseils personnalisés dans notre langue.
Pourtant, le secteur n’a pas échappé à l’inflation et les prix de l’alimentation se sont envolés, comme confirme Xochilt, 51 ans, inséparable de ses deux teckels. Le budget croquettes et pâtés est de 50 € par mois et par chien. « Je ne leur donne pas n’importe quoi, je ne vais pas au supermarché mais en boutique vétérinaire ». Elle pointe aussi un autre secteur qui profite de son amour des animaux : le voyage. Impossible pour elle de partir sans William, 5 ans, et Frida, 9 ans, alors pour ses fréquents allers-retours au Mexique, elle débourse 500 € de billets pour les animaux, en plus de la location de la cage en soute (35 €). Un gouffre, mais c’est le prix des vacances en famille…
Xochilt est surtout vigilante à la santé de ses chiens et avoue avoir dû renoncer à des soins dentaires pour eux, faute de finances. Pour éviter ce genre de coup dur, certains optent pour une mutuelle pour animaux. De nombreuses compagnies classiques en proposent, à tous les prix, et l’investissement peut s’avérer précieux, surtout en cas de chirurgie.
Dog-sitter ou hôtel cinq étoiles
En cette période estivale, la garde des animaux pour partir en vacances peut vite tourner à la galère. Les pensions classiques affichent presque toutes complet en août, alors pourquoi ne pas opter pour un dog-sitter ? Un métier assez récent mais bien utile à l’année ou pour les grandes vacances. Des milliers d’annonces en ligne proposent de garder vos chiens chez vous ou au domicile de l’hôte, pour la journée, le week-end, la semaine…
Les tarifs varient selon les prestations (une vingtaine d’euros la nuitée semble raisonnable). Croisée sur le Passeig de Sant Joan, Claudia, 31 ans, assure ce service au quotidien depuis 5 ans. « Mais seulement pour la journée, pour les gens qui travaillent. » Elle facture 20 € par après-midi et par animal. Elle peut en accueillir jusqu’à cinq. « J’ai toujours adoré les chiens. Mais je ne peux pas en avoir chez moi, c’est trop petit. Et comme je ne travaille qu’à mi-temps, ça me fait un bon complément de revenus. »
Dans une relation de confiance avec les maîtres qui manquent de temps, elle passe chercher les bêtes, les promène longuement, joue avec elles… « On va au parc de la Estació del Nord. Là-bas, il y a un grand espace où je peux les lâcher. Ils sociabilisent et s’amusent bien », raconte-t-elle. Avec 1 400 m² dédiés, le caniparc est le plus vaste de la ville, à quelques pas de l’Arc de Trionf.
Et pour les toutous qui veulent se mettre au vert et profiter du même luxe que leurs maîtres, Dondersteen, à L’Ametlla del Vallés (à une demi-heure de voiture), est un véritable palace pour chiens. Un resort 5 étoiles dédié aux animaux de compagnie, avec salons de beauté et de coiffure, soins vétérinaires et nourriture personnalisés, le tout sur 10 000 m² à la campagne, avec même des séances shopping. Comptez de 32 à 68 € la nuitée, selon la taille et le poids du chien. Rien n’est jamais trop beau pour lui : le meilleur ami de l’Homme est définitivement celui des Barcelonais.
(*) Tous les animaux de compagnie à Barcelone doivent obligatoirement être enregistrés auprès du Registro censal de animales de compañía y animales salvajes en cautividad.