À Barcelone, les réseaux sociaux ne se contentent plus d’animer les écrans : ils transforment le paysage urbain. Nouvelles boutiques, pop-up stores, cafés aux files d’attente interminable… Les tendances numériques refaçonnent sans conteste les rues de la cité comtale.
Photo : Popmart
Barcelone n’est pas seulement une carte postale moderniste ou une destination touristique. Depuis quelques temps, ses rues, en particulier autour du quartier de l’Eixample et des artères commerçantes les plus fréquentées, deviennent une sorte de musée à ciel ouvert où s’expriment les trends (tendances) nées sur les réseaux sociaux. Des boutiques éphémères Shein aux parfumeries « inspiration Dubaï », en passant par l’inattendue vague autour de la peluche Labubu, la ville illustre la manière dont les modes digitales s’ancrent, presque instantanément, dans le réel.
De longues files d’attente pour un jouet tendance
Le phénomène Labubu en est l’exemple le plus frappant. Popularisée par TikTok et Instagram, cette créature aux grands yeux et au sourire étrange s’est hissée au rang d’objet culte. À Barcelone, une boutique Pop Mart, dédiée à la peluche chinoise Labubu aussi mignonne qu’effrayante, ouverte en août 2025 dans la rue commerçante de Portal de l’Angel, attire des files de jeunes fans.
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— Nelson Nosratifard (@Nosratifard) August 3, 2025
Ces derniers veulent marquer le coup en filmant leur visite, dans une sorte de spirale virale : la boutique existe parce que les réseaux en parlent, et elle prospère parce que les visiteurs repartagent leur passage en ligne. La folie est telle qu’une seconde boutique « Labubu » a ouvert ses portes vendredi dernier non loin également de la Place Catalunya, carrer Pelai. Un engouement tel qui redessine complètement le visage des rues commerçantes de la cité comtale.
Parfums de Dubaï et fast-fashion en pôle position
Autre tendance importée par les algorithmes des réseaux sociaux : les fragrances dites « de Dubaï », reconnaissables à leurs flacons opulents et aux senteurs intenses, souvent vendus comme alternatives accessibles aux grandes maisons de luxe. Ces enseignes, quasiment invisibles il y a quelques années, fleurissent désormais dans les zones de forte affluence touristique et trouvent leur clientèle grâce aux tendances mises en lumière par les réseaux sociaux. Et pour cause, Elixir Perfumes, l’une des premières boutiques de Barcelone vendant ces fragrances, a ouvert ses portes en septembre 2024, dans les Galeries Malda.
Le succès de ces produits très en vogue sur le net repose sur une esthétique Instagrammable et une promesse : vivre une expérience « orientale » sans quitter Barcelone. En parallèle, le géant chinois de la fast-fashion Shein a compris l’impact de l’événementiel et du caractère fugace du business des réseaux sociaux. Ses boutiques éphémères, ouvertes quelques jours seulement, génèrent un afflux massif de jeunes consommateurs barcelonais. La logique est simple : offrir à une communauté née sur les écrans un rendez-vous tangible, où l’achat devient aussi un moment de partage sur TikTok ou Instagram.
Une ville transformée par l’éphémère
Pour Barcelone, cette nouvelle économie des tendances soulève des questions. Si elle attire un flux constant de visiteurs, elle contribue aussi à la transformation rapide du paysage commercial : les enseignes traditionnelles peinent à rivaliser face à des concepts nés en ligne et alimentés par l’envie de « ne pas rater » la mode du moment et l’achat du produit tendance.
Les rues barcelonaises deviennent ainsi le reflet des réseaux sociaux : un lieu hybride où le virtuel façonne le réel, et où la consommation s’accompagne presque toujours d’un geste réflexe : sortir son téléphone pour filmer, immortaliser le moment et partager son expérience.