La Vuelta vire au fiasco diplomatique : Madrid sous les critiques

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Madrid est la ville espagnole la plus en vogue depuis une paire d’années. Profitant de la sulfureuse réputation de Barcelone, marquée au fer rouge par les tensions indépendantistes, la capitale a su tirer son épingle du jeu : fêtes branchées, attrait des digital nomads et des expats. Les émeutes violentes anti‑Israël, soutenues par le Premier ministre et son gouvernement, qui ont conduit à annuler l’arrivée du Tour cycliste d’Espagne ce dimanche ont créé un bad buzz international rarement vu. Chronique d’un fiasco.

« Je suis admiratif du peuple espagnol », susurre Pedro Sánchez, plus langoureux que jamais. Il se réfère aux milliers de manifestants empêchant les cyclistes de terminer la course du Tour d’Espagne. Circulant à 80 km/h, c’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de sportifs grièvement blessés. On ne peut en dire autant de la police, dont 22 agents ont été blessés et n’ont pu effectuer que deux ridicules gardes à vue. La préfecture de Madrid avait demandé aux forces de l’ordre de ne pas faire preuve de répression, dénoncent les syndicats.

À part Donald Trump aux États‑Unis, aucun dirigeant politique n’avait jusqu’ici soutenu une émeute sur son territoire national.

Le ton le plus dur se lit en France dans le journal L’Équipe : « Charges policières, balles en caoutchouc, barrières transformées en instruments de violence, le centre de Madrid s’est effondré comme la fin de cette frénétique Vuelta 2025. » Le quotidien Le Monde insiste sur les « scènes rarement vues dans la capitale », évoquant « plusieurs milliers de manifestants » renversant les barrières « à quelques mètres de l’arrivée » et envahissant la Gran Vía « sous une pluie de gaz lacrymogènes ».

D’autres qualificatifs tout aussi sévères proviennent de la radiotélévision publique belge RTBF, qui est allée jusqu’à parler de « honte internationale », tandis que l’allemand Sporza résume que « le chaos a régné dans les rues de Madrid, où les barrières ont été réduites en décombres. La Vuelta s’achève sur une note sombre ».

Au Royaume‑Uni, The Guardian met l’accent sur l’angle politique : « Les affrontements ont eu lieu quelques heures après que le Premier ministre Pedro Sánchez a exprimé son admiration pour les manifestants pro‑palestiniens. »

Sans surprise, la presse israélienne a relayé des messages particulièrement sévères. Dans une interview accordée au Jerusalem Post, David Hatchwell — cofondateur du lobby ACOM en Espagne et promoteur du spectacle musical Malinche — est allé jusqu’à qualifier l’Espagne de « gouvernement corrompu » et accuse Sánchez de « politiser honteusement » la Vuelta.

 

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Pedro Sánchez, qui a besoin de refaire l’unité de la gauche et de l’extrême gauche autour de sa personne après une chute catastrophique dans les sondages liée aux multiples cas de corruption du parti socialiste, ne compte pas baisser le ton.

Après avoir officiellement qualifié Israël d’État « génocidaire », ce qu’aucun dirigeant puissant n’a fait, le Premier ministre s’est concocté un agenda sur mesure. Sur le plan du spectacle, l’Espagne ne participera pas au prochain concours de l’Eurovision si Israël fait partie du jeu musical. Mais ce qui inquiète vraiment les investisseurs internationaux, c’est le boycott orchestré par le gouvernement des prochains événements sportifs. Pedro Sánchez a exprimé son souhait que tout sportif de nationalité israélienne soit expulsé de chaque compétition. Pour attirer les entreprises et les talents du monde entier, et pour renforcer encore l’image de marque de la ville, la mairie de Madrid, dirigée par la droite, avait investi 400 000 € de publicité autour de la Vuelta. Tout ça pour finir avec des images de violences et les félicitations du Premier ministre.

Le risque de réédition de violence autour des prochains raouts sportifs est majeur. La Ligue des champions pourrait inclure, comme chaque saison, la participation de clubs israéliens tels que le Maccabi Haïfa ou le Maccabi Tel‑Aviv. La Formule 1, qui prévoit d’inaugurer un circuit urbain à Madrid, entretient des liens avec des entreprises et des pilotes sous licence israélienne, comme Robert Shwartzman chez Ferrari ou encore les collaborations d’Israel Start‑Up Nation avec Williams. La présidente de la région Madrid, Isabel Ayuso, se dit persuadée d’une nouvelle perturbation des activistes anti‑Israël lors de ce prix. Même le Tour de France pourrait réfléchir à remettre en question l’étape qui doit passer par Barcelone l’été prochain.

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