Pourquoi les jeunes Espagnols quittent leurs parents 6 ans plus tard que les Français

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Alors que l’âge moyen de départ du foyer parental est de 26 ans dans l’Union européenne, il atteint 30 ans en Espagne contre environ 24 ans en France. Ces écarts illustrent les difficultés spécifiques rencontrées par les jeunes Espagnols pour accéder à l’autonomie résidentielle sur un marché immobilier tendu.

Photo : Bérenger Cyne

En 2024, les jeunes Européens ont quitté le domicile familial à 26,2 ans en moyenne, selon Eurostat. Ce chiffre, stable depuis vingt ans, masque d’importantes disparités. En Espagne, l’âge moyen s’élève à 30 ans, soit quatre ans de plus que la moyenne européenne et près de six ans de plus qu’en Finlande (21,4 ans).

La France se situe dans la tranche basse avec un âge moyen autour de 24 ans, se rapprochant davantage du modèle nord-européen que du modèle méditerranéen. À côté de l’Espagne, l’Italie (30,1 ans), la Grèce (30,7 ans) et la Croatie (31,3 ans) affichent également des âges de départ élevés.

Logement et emploi : des freins combinés

En Espagne, ce retard s’explique par un marché du travail moins favorable aux jeunes et par la flambée des prix de l’immobilier. Le chômage, l’instabilité contractuelle et les bas salaires compliquent l’accès à l’autonomie financière. Dans le même temps, la pénurie de logements abordables freine les projets de départ. A Barcelone par exemple, près de 44 % des moins de 30 ans perçoivent moins de 1000 euros nets par mois, un niveau de revenu incompatible avec le coût de la vie dans la capitale catalane, où le loyer moyen dépasse désormais les 1100 euros.

La France, bien qu’affrontant aussi une tension immobilière, propose davantage d’aides au logement pour les jeunes (APL, allocations étudiants), ce qui contribue à un départ plus précoce du domicile familial.

Un paradoxe européen

Selon Eurostat, le départ du domicile implique aussi des différences culturelles sur le budget familial. Dans les pays nordiques comme le Danemark, les Pays-Bas, la Suède ou la Finlande, les jeunes quittent la maison tôt, vers 21-22 ans, mais consacrent une part importante de leurs revenus au logement : en 2024, 9,7 % des 15-29 ans dans l’UE dépensaient plus de 40 % de leur revenu pour se loger, contre 8,2 % pour l’ensemble de la population. À l’inverse, dans des pays comme la Croatie (31,3 ans), Chypre (30,0 ans) ou l’Italie (30,1 ans), les jeunes restent longtemps chez leurs parents, mais cette dépense finalement est plus faible dans le budget.

L’Espagne se situe entre ces deux modèles : les jeunes partent à 30 ans en moyenne, non pas parce que le logement est le plus cher, mais à cause de l’emploi précaire et des loyers élevés.

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