Le second tour des élections législatives pour la 5e circonscription des Français de l’étranger (Espagne-Portugal-Andorre-Monaco) se tient jusqu’à mercredi par voie électronique puis dimanche 12 octobre pour ceux qui préfèrent voter de manière présentielle.
Equinox donne la parole aux deux candidates : Nathalie Coggia (coalition républicaine, majorité présidentielle), arrivée en tête du premier tour avec 26,35% et Martha Peciña (LFI, soutenue par Les Écologistes, Génération·s et Agissons Ensemble) qui a recueilli 15,80% des suffrages.
Pouvez-vous rappeler aux électeurs votre parcours et votre lien avec la circonscription ?
Nathalie Coggia
Je suis établie à Madrid depuis 2006, après avoir étudié et travaillé six ans en Allemagne, où j’ai rencontré mon futur mari. Ma carrière professionnelle, dans le conseil et l’entreprise, et ma vie familiale se sont construites depuis dans la Péninsule Ibérique. En tant que suppléante de Stéphane Vojetta depuis 2022, j’ai acquis une connaissance intime des préoccupations des Françaises et Français de l’étranger. Je m’engage à exercer un mandat utile, au-delà des affrontements partisans, et à promouvoir une grande coalition républicaine pour une France stable, équitable, et dotée d’un budget. Bref, aider la France à continuer à avancer, plutôt que la bloquer.
Mes enfants sont franco-espagnols, et mon expérience personnelle et professionnelle dans la 5ᵉ circonscription (Espagne, Portugal, Andorre, Monaco) me lie profondément à cette dernière. Mon rôle de suppléante m’a également permis de travailler aux côtés et souvent en représentation de Stéphane Vojetta, au plus près des Français et Françaises de cette circonscription, renforçant ma compréhension de leurs réalités et défis, notamment en matière d’éducation, d’emploi, et de démarches administratives.
Par ailleurs je tiens à insister sur le rôle de mon suppléant Nicolas Marty. Chef d’entreprise basé à Barcelone, parent d’élèves du LFB, engagé dans des initiatives solidaires, il est un visage connu de la communauté française de Barcelone, la ville qui réunit le plus de Français et Françaises d’Espagne inscrits au registre consulaire.
Martha Peciña
Je suis Martha Peciña, candidate du Nouveau Front Populaire pour les élections législatives partielles de la 5e circonscription des Français·es de l’étranger. Ma candidature a été investie et soutenue par LFI, les Écologistes et Génération·s, ainsi que le mouvement citoyen local Agissons Ensemble (AE), qui rassemble aussi bien les représentant·es politiques locaux·les de toute la gauche, de LFI à Place Publique, des syndicalistes, que des personnes non encartées mais engagées sur la justice sociale, l’écologie ou encore le féminisme.
Je suis bi-nationale, née à Montreuil en banlieue parisienne d’une mère française et d’un père basque espagnol qui a fui la dictature de Franco en 1970 et est arrivé en France en tant que réfugié politique. Je suis une entrepreneure installée à Bilbao depuis 2021, française de l’étranger depuis plus de 15 ans et, à ce titre, je connais bien les problématiques que vous rencontrez.
Après m’être spécialisée pendant mes études, d’abord sur la place des femmes dans les mouvements sociaux en Amérique Latine, puis en coopération internationale, j’ai réalisé des travaux de recherche et un documentaire à Cuba. Par la suite, j’ai été Volontaire Internationale en Administration (VIA) au service presse du consulat général de France à Miami.
J’ai ensuite travaillé comme journaliste politique et correspondante des chaînes Arte et France 24 pour le sud-est des Etats-Unis et les Caraïbes, puis je suis devenue responsable du service presse au consulat général de France à New York. Cette expérience m’a permis de comprendre les problématiques des Français·es de l’étranger et surtout, en tant que représentante du personnel de droit local du consulat, j’ai constaté l’impact des coupes budgétaires sur les conditions de travail du personnel des consulats et instituts français et, in fine, sur les administré·es.
Je dénoncerai ce désengagement de l’Etat envers les Français·es de l’Etranger et travaillerai à la mise en place d’un budget du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères pluriannuel, qui permettra de ne plus être la variable d’ajustement des coupes budgétaires, de faire des Français·es de l’étranger des citoyens de seconde zone alors que nous sommes les ambassadeurs de la France à l’étranger.
Aujourd’hui je suis une entrepreneure, directrice associée d’une entreprise française spécialisée dans le conseil et la formation sur l’égalité professionnelle f/h et la prévention des violences sexuelles et du harcèlement au travail auprès d’administrations françaises, de collectivités territoriales ou encore d’entreprises françaises.
Pourquoi avoir décidé de vous présenter ?
Nathalie Coggia
Comme de nombreux Français et Françaises de la circonscription et observateurs, j’ai été abasourdie par la décision du Conseil constitutionnel d’interrompre le mandat de Stéphane Vojetta, dont j’étais la suppléante, et de le rendre inéligible. Je me présente donc pour poursuivre le travail engagé à ses côtés dans la continuité de ses 4 ans de mandats, un travail auquel j’ai contribué, tout en apportant mes propres idées, notamment sur une meilleure prise en compte de la neurodiversité. Mon objectif est d’exercer un mandat utile, axé sur les besoins des Français/es de l’étranger et le reste de mes compatriotes, loin des querelles politiciennes parisiennes tournées vers 2027.
Martha Peciña
Je suis engagée depuis quelques années dans les groupes d’actions de La France insoumise et dans le mouvement citoyen Agissons Ensemble. Nous souhaitons que cette circonscription élise une députée qui défende les intérêts de TOUS•TES les Français·es de la circonscription, et pas uniquement une petite minorité de personnes privilégiées.
En effet, nous avons été consterné·es par le bilan du député déchu Stéphane Vojetta et celui de ses prédécesseurs. Vojetta a agit comme un petit soldat du macronisme tout en se revendiquant indépendant. Par ailleurs, il tient des propos climatosceptiques et voue une admiration à des personnalités dérangeantes à l’instar de Trump ou de Milei. C’est d’autant plus étonnant lorsque l’on sait que Valence a été frappée par la DANA et que notre circonscription n’est pas épargnée par les catastrophes climatiques, l’Espagne et le Portugal ayant été frappés par des incendies sans précédent cette année.
J’ai donc personnellement décidé de me présenter, encouragée par mes camarades et parce que je pense qu’il est intéressant que cette candidature de l’union de la gauche soit portée par une féministe bi-nationale et un suppléant bi-national (Sébastien BLANCO), syndicaliste, agent du service des affaires sociales du Consulat, et par conséquent, tous·tes les deux fins connaisseurs de la cirsconscription et des enjeux nationaux.
Quelles sont selon vous les principales préoccupations des électeurs de la circonscription et comment comptez-vous y répondre ?
Nathalie Coggia
Comme de nombreux Français et Françaises de la circonscription et observateurs, j’ai été abasourdie par la décision du Conseil constitutionnel d’interrompre le mandat de Stéphane Vojetta, dont j’étais la suppléante, et de le rendre inéligible. Je me présente donc pour poursuivre le travail engagé à ses côtés dans la continuité de ses 4 ans de mandats, un travail auquel j’ai contribué, tout en apportant mes propres idées, notamment sur une meilleure prise en compte de la neurodiversité. Mon objectif est d’exercer un mandat utile, axé sur les besoins des Français/es de l’étranger et le reste de mes compatriotes, loin des querelles politiciennes parisiennes tournées vers 2027.
Martha Peciña
Les services consulaires n’ont cessé de souffrir des conséquences de la diminution des crédits qui leurs étaient alloués, alors que nous résidons dans une circonscription avec une forte proportion de personnes retraitées qui souffrent de la fracture numérique. Parier sur le tout numérique combiné à la suppression des compétences administratives au sein des agences consulaires a été un désastre pour ces citoyen·es. Nous souhaitons donc recréer le lien entre nos concitoyen·es résident·es à l’étranger et la France, en renforçant les services publics de proximité, en accompagnant nos ressortissant·es les plus fragiles et précaires, au lieu de compter sur des autorités locales qui souvent ne leur accorde aucune aide car ne remplissant pas tous les critères d’éligibilité.
Je travaillerai à défendre le principe fondamental de solidarité et défendrai le maintien des aides sociales pour les français.es de l’étranger. Ils, elles, ont été abandonné·es par Vojetta et sa majorité présidentielle dont la fin est programmée pour, au plus tard, 2027. Il s’agit d’un choix politique clair, au même titre que le budget présenté par Bayrou, celui de faire payer la dette aux plus précaires, aux malades, aux chômeurs et aux retraités pour continuer à financer des niches fiscales et augmenter le patrimoine et les bénéfices d’une minorité d’ultra riches. Je souhaite combattre ces politiques antisociales.
Notre avenir passe aussi par l’éducation des futures générations. Macron avait annoncé l’augmentation du nombre d’étudiant·es dans le réseau AEFE, pour contribuer au rayonnement de la France dans le monde, mais en réalité c’est un vœu pieux car il n’est pas accompagné du budget nécessaire.
Nous défendrons une école de la République de qualité, mixte et inclusive. Pour ce faire, nous travaillerons à défendre une augmentation du budget de l’AEFE. Nous défendrons un système de bourses scolaires plus juste, permettant l’accès à l’éducation française aux enfants des ressortissant·es Français·es, de moins en moins nombreux à fréquenter les lycées français à l’étranger. Alors que la macronie souhaite transformer le système des bourses en un système d’assurance permettant de faire face à des difficultés ponctuelles (fermeture d’entreprise, perte d’emploi, etc.), nous défendons un système des bourses permettant un accès aux classes moyennes et populaires tout au long de la scolarité, car je suis convaincue que la mixité sociale est une richesse. Il nous faudra également défendre les contrats des professeurs détachés de l’Education Nationale qui sont à l’origine de la renommée dont bénéficient ces établissements aujourd’hui. Ainsi, nous nous opposerons fermement à la privatisation des lycées français et leur transformation en établissements d’élites économiques.
De plus, en Espagne, au Portugal, à Monaco et en Andorre, nous ne sommes pas mieux lotis que sur le territoire national. L’accès au logement est également une préoccupation pour nos concitoyen·es résident·es sur la 5e circonscription des Français·es de l’étranger. Notre jeunesse mérite mieux et il nous faut légiférer pour réglementer la location saisonnière, développer les logements sociaux et étudiant·es afin de permettre à nos futures générations d’accéder à un logement digne et qui ne représente pas un effort économique démesuré.
Enfin, je souhaite aussi vous parler d’écologie. Face aux saillies climato-sceptiques du député déchu, je suis convaincue que l’Espagne et le Portugal seront très fortement impactés par cette problématique. Le budget consacré à la transition écologique a été réduit alors qu’il est plus que jamais nécessaire. Je remettrai ce sujet au cœur du débat public à l’Assemblée nationale et je veillerai à la mise en place de fret ferroviaire entre l’Espagne, le Portugal et la France.
Quel est le sujet sur lequel vous vous sentez le plus engagée ?
Nathalie Coggia
Je suis particulièrement engagée sur la simplification des démarches administratives pour les Français/es de l’étranger (documents d’identité, retraites, élections) et je me réjouis particulièrement que l’extension à l’Espagne du renouvellement sans déplacement commence dans les prochaines semaines. Enfin, les Français/es de Gérone, de Saragosse, de Majorque ou de Minorque ne devront plus prendre l’avion ou le train pour se rendre au consulat !
Quant à la protection des mineurs face à l’exposition excessive aux écrans, comme souligné par les conclusions de la commission d’enquête TikTok, elle est un enjeu de société que je partage avec Stéphane qui a déjà beaucoup fait bouger les choses sur le sujet. Ce sujet est crucial pour l’avenir de nos enfants … mais aussi de nos démocraties.
Sur le plan national, je m’investirai également dans la promotion de finances publiques sincères et d’une économie plus inclusive, qui respecte notamment la neurodiversité, au travail et à l’école.
Martha Peciña
C’est incontestablement l’égalité femmes-hommes, la prévention des violences sexuelles et la protection de l’enfance, berceaux de toutes les dominations.
L’Espagne s’est dotée d’une loi pionnière sur la prévention des violences conjugales en 2004 et qui a permis la formation des juges, de la police et la mise en place de mesures de protection d’urgence et d’aides économiques aux femmes victimes de violences. Ces mesures ont permis une réduction drastique de 30% des féminicides en Espagne.
De plus, l’Espagne a voté en 2021 une autre loi pionnière sur la protection de l’enfance, qui permet aux enfants qui dénoncent des situations de maltraitance d’être entendus dans de bonnes conditions, qui interdit l’utilisation de faux concepts dans les tribunaux comme « l’aliénation parentale » qui décrédibilise les mères qui cherchent à protéger leurs enfants, et qui met en place des programmes de sensibilisations auprès des adultes qui travaillent avec des enfants.
En France, 1 enfant sur 10 a été victime de violences sexuelles avant l’âge de 10 ans, la plupart du temps victime de faits d’inceste par des adultes de leur entourage. Ces violences ont un impact social sur les futurs adultes, sur la santé mentale, les addictions, la marginalisation, et c’est bien entendu un coût financier pour la société. Mais le président Macron a décidé de ne pas donner suite aux préconisations de la CIVISE, qui reprenait en partie la loi espagnole.
Si vous êtes élue, quelle sera votre première décision ?
Nathalie Coggia
Je m’attellerai immédiatement à constituer mon équipe parlementaire qui, comme c’était le cas avec Stéphane, sera essentiellement basée en circonscription et consacrera 70% de son temps à répondre aux demandes d’intervention et appels à l’aide de nos concitoyens.
Ma première décision consistera à m’assurer de la mise en œuvre effective de la phase de test du renouvellement dématérialisé des passeports. Puis viendra le débat budgétaire pour lequel le Premier ministre vient de s’engager à ne pas appliquer l’article 49.3. Nous irons donc au bout du débat, dans lequel je compte m’impliquer pour bloquer les velléités de LFI et du RN d’introduire l’imposition universelle aux Français/es de l’étranger. Ce serait un handicap terrible pour tous ceux et celles qui travaillent et souhaitent avoir une chance de réussir hors de France. Et attacher un boulet aux pieds de notre communauté FDE, c’est affaiblir la présence de la France dans le monde.
Martha Peciña
Me battre pour la réouverture des fonctions administratives des consulats de France à Séville et Bilbao.
Me battre pour une meilleure budgétisation de l’AEFE et la refonte des critères d’attribution des bourses scolaires.
Comme je l’ai déjà développé précédemment, je me battrai pour redonner aux consulats de Séville et Bilbao des fonctions administratives consulaires. Il n’est pas concevable d’obliger une famille qui accueille un heureux événement à se déplacer à Madrid ou Lisbonne avec un nourrisson afin de déclarer une naissance, préalable à l’obtention du titre d’identité (si vous ne bénéficiez pas de la double nationalité) et pouvoir présenter leur enfant à la famille restée en France. Il conviendra de redonner des fonctions essentielles aux agences consulaires pour accompagner nos ressortissants les plus précaires, isolés ou souffrant de fracture numérique et ils sont nombreux. Nous ne sommes pas opposés à vivre avec notre temps mais la technologie doit être au service de l’homme et non l’inverse. Je m’engage auprès des syndicats de l’éducation, des associations de parents d’élèves pour défendre un budget juste pour l’AEFE et les bourses scolaires.
Je souhaite également mettre sur la table les conditions de travail des agents recrutés localement au sein des administrations françaises à l’étranger, qui sont les premiers à assurer la mission de continuité du service public auprès de nos ressortissants et qui sont dépourvus de plans de carrière, de revalorisations salariales dignes de ce nom entre autres.
Je souhaite siéger à la Commission des Affaires Sociales pour essayer de porter une proposition de loi sur la protection de l’enfance.
Si vous êtes élue, comment ferez-vous pour rester en lien avec la circonscription ?
Nathalie Coggia
Je suivrai l’exemple de mon prédécesseur : être une députée de terrain, en informant régulièrement les électeurs, en organisant des consultations sur des sujets clés et en restant présente dans la circonscription. Mon suppléant barcelonais Nicolas Marty, mon équipe parlementaire et mes soutiens, incluant des figures locales et des personnes comme Guillaume Rostand, Baudouin de Marcellus et Thibault Mourichoux à Barcelone, Isabelle Aranega et Bruno Frentzel à Lisbonne, Matthieu Vernet à Madrid, ou Philippe Rolland à Las Palmas de Gran Canaria et bien d’autres, m’aideront à maintenir ce lien étroit.
Martha Peciña
Je me rendrai toutes les semaines à Barcelone ou à Madrid, et étant résidente à Bilbao, je souhaite également venir à la rencontre des Français·es du nord de l’Espagne plus régulièrement, sans oublier Valence et l’Andalousie. Je souhaite également organiser des déplacements au Portugal tous les deux mois pour venir à la rencontre des Français·es de Lisbonne, Braga et Porto.
C’est pour moi essentiel de rester connecter avec ses électeur·ices. Je souhaite continuer le travail qui a été engagé en organisant des déplacements tous les deux mois au Portugal, Monaco ou Andorre. Nous avons constitué un réseau pendant ces élections sur lequel je pourrai continuer à compter une fois à l’Assemblée pour rester connectée à la circonscription même quand je devrai être à Paris.
Comment allez-vous faire entendre la voix des Français de l’étranger au sein de l’Hémicycle ?
Nathalie Coggia
En tant que députée de la Nation, je voterai les lois et contrôlerai l’action du gouvernement tout en défendant les intérêts spécifiques des Français/es de l’étranger. Ma connaissance approfondie de leurs préoccupations (éducation, fiscalité, démarches administratives, vulnérabilités) me permettra de porter leur voix avec force.
Comme je vous l’ai dit, je m’opposerai à des mesures préjudiciables, comme l’imposition universelle défendue par LFI et le RN, je serai force de proposition sur la réforme de l’AEFE, et je travaillerai de manière transpartisane pour obtenir des avancées concrètes, notamment via une coalition républicaine.
Martha Peciña
Tous les députés ont à cœur de défendre leurs électeurs à l’Assemblée nationale, et je ne ferai pas exception. Dans mon cas, ce sera au sein de la Commission des Affaires Sociales, ou je travaillerai en collaboration avec les députés NFP en général. C’est par l’action coordonnée au sein de notre groupe que nous ferons avancer nos propositions, qu’il s’agisse des questions budgétaires ou plus généralement de toutes les problématiques qui affectent les Françaises et Français de l’étranger. Mais bien souvent, il s’agira de la même exigence de justice sociale, de justice fiscale, qui préoccupe l’ensemble de nos compatriotes, quel que soit leur lieu de résidence.