mercredi 15 octobre 2025

Espagne : ces régions méconnues que les touristes étrangers ignorent encore en 2025

delta de l'ebre

À l’heure où Barcelone cherche à limiter le surtourisme, d’autres régions espagnoles peinent toujours à attirer les voyageurs. En 2025, dix provinces accueillent même moins d’étrangers qu’avant la pandémie.

À Barcelone, les mesures s’enchaînent pour freiner un tourisme devenu étouffant : suspension des licences touristiques, interdiction des nouvelles auberges de jeunesse, manifestations de riverains. Dans les Baléares, la grogne est encore plus palpable. Sur l’île de Majorque, plus de neuf touristes sur dix sont étrangers — un record qui alimente une flambée des prix et un malaise social croissant.

En Espagne, malgré un relatif ralentissement, le tourisme international a explosé en 2025 : près de 170 millions de nuitées hôtelières étrangères enregistrées jusqu’en août, soit une hausse de 9 % par rapport à 2019. L’offre balnéaire est saturée, les prix s’envolent — +40 % en moyenne sur six ans — et l’image d’une Espagne « surbookée » domine les imaginaires.

Mais pendant que certains territoires espagnols tentent de limiter l’afflux de visiteurs, d’autres désespèrent d’en recevoir. Zamora, Cuenca, Soria, Jaén ou encore Ciudad Real font partie d’une dizaine de provinces où les nuitées étrangères sont aujourd’hui inférieures à leur niveau de 2019, avant la crise du Covid.

À Zamora, la chute atteint 25 %. À Cuenca, 2025 s’annonce comme la 13e pire année en termes de fréquentation internationale depuis 2007. Même Toledo, Zaragoza ou Granada, pourtant riches d’un patrimoine reconnu, peinent à retrouver leur niveau d’avant pandémie. Pourtant, ces territoires ne manquent ni de charme ni de stratégie. Nombre d’entre eux ont investi massivement dans le tourisme culturel, la gastronomie ou les activités nature. Sans effet.

L’Espagne du centre reste invisible

Le phénomène n’est pas nouveau. Mais les chiffres confirment l’incapacité structurelle de l’Espagne intérieure à profiter du succès global du pays. L’offre balnéaire écrase tout. Pour un touriste allemand, britannique ou néerlandais, Valence ou Malaga restent des évidences. Cuenca ou Ourense, elles, restent hors des circuits.

La concurrence est féroce. Les régions d’Europe du Nord proposent elles aussi leur lot de musées, de forêts, de gastronomie. Pourquoi parcourir 1 500 kilomètres pour une expérience disponible à deux heures de train ? Résultat : même en basse saison, les zones côtières continuent d’attirer. Et les régions de l’intérieur ne parviennent pas à capter le trop-plein.

Tortosa

Tortosa en Catalogne

La province la moins touristique d’Espagne ? Soria. En 2025, seules 0,7 nuitées sur 10 y sont le fait de voyageurs étrangers — un taux figé depuis vingt ans. À Jaén, on compte à peine un étranger pour 2 000 habitants. À l’inverse, les Baléares affichent un ratio de un pour sept. Le contraste est frappant. Et la fracture s’élargit d’année en année.

La Catalogne illustre à elle seule ce clivage. D’un côté, Barcelone, l’une des villes les plus visitées d’Europe, qui tente de reprendre la main sur son modèle touristique. De l’autre, des territoires entiers largement ignorés par les voyageurs étrangers. La Garrotxa, le Ripollès, les Terres de l’Ebre… Ces régions, pourtant spectaculaires, attirent principalement un public local. Le touriste international, lui, reste focalisé sur la Sagrada Família, les plages de la Costa Brava ou les ruelles du Gòtic.

Recommandé pour vous