À Barcelone, le salaire file tout droit dans le loyer. Selon un rapport du Conseil européen publié ce mercredi, Barcelone est la deuxième ville de l’Union européenne où les habitants consacrent la plus grande part de leur salaire au logement, juste derrière Lisbonne. L’Espagne est mal placée avec Madrid qui apparait sur le podium.
Barcelone et Madrid, le triangle des Bermudes immobilier où le salaire disparaît dans le loyer. En moyenne, les Barcelonais et les Madrilènes consacrent 74 % de leurs revenus pour se loger.
A Lisbonne, la situation est totalement irréaliste où il faut dépenser, 116% de son salaire pour s’acquitter de son loyer. Autrement dit, les Lisboètes doivent trouver des combines pour récupérer des sous en plus de leur paie mensuelles pour ne pas finir à la rue. À titre de comparaison, à Paris il faut investir 45 % de son salaire dans son loyer et à Berlin 40 %. Le bon plan se trouve à Vienne et au Luxembourg avec un petit 35 %.
Ces chiffres sont extraits du rapport « Un toit, plusieurs réalités : la complexe crise du logement en Europe », publié ce mercredi à Bruxelles et qui s’appuie sur des données d’Eurostat, de la Banque européenne d’investissement et du Deutsche Bank Research.
En dix ans, les prix du logement ont grimpé en moyenne de 58 % dans l’Union européenne. Mais sur le sud, en raison des plus bas salaires, est particulièrement impacté. En Espagne, la hausse atteint 72 % soit 14 points de plus que la moyenne européenne. En comparaison, la France n’a augmenté que de 26 %.
Mais pas que le sud. Les pays de l’Est, qui longtemps étaient des terres attractives pour le « payer moins cher », sont rattrapés par l’inflation. La Hongrie et la Lituanie affichent respectivement une hausse de +237 et 147 %.
Le rêve barcelonais freiné par le coût du logement
L’étude, en plus des chiffres, offre une analyse et critique les manques de mesures sociales en Espagne qui est un des pays où les jeunes s’émancipent le plus tard : en moyenne à 30 ans, contre 26 ans dans l’Union européenne. Le rapport met en lumière les conséquences sociales de cette pression immobilière : report du projet de fonder une famille, baisse de la natalité, stress lié à la précarité résidentielle, et effets sur la santé mentale et la trajectoire professionnelle.
Ce jeudi, le Conseil européen débattra de la question du logement en donnant la parole aux élus locaux, aux entreprises et aux représentants de la société civile. L’Union européenne veut forcer les Etats comme l’Espagne à prendre des mesures pour encadrer la location touristique, secteur provoquant la pénurie de logements dans les grandes villes européennes. Ce plan, qui se veut ambitieux, selon des sources bruxelloises est en cours d’élaboration et devrait être dévoilé avant la fin de l’année.
En vidéo : combien les Barcelone paient leur logement
Voir cette publication sur Instagram