jeudi 13 novembre 2025

Pourquoi n’y a-t-il pas de chèques en Espagne ?

En France, le chèque résiste encore. En Espagne, il a disparu depuis belle lurette. Deux pays voisins, deux histoires bancaires opposées. Alors que les Français continuent de signer leurs carnets, les Ibériques transfèrent de l’argent d’un simple clic.

Autrefois symbole de confiance et de formalité, le chèque n’a pas connu le même destin des deux côtés de la frontière. En France, il demeure un outil du quotidien, notamment pour les paiements entre particuliers ou les dépenses administratives. En Espagne, au contraire, il est devenu un objet rare, parfois inconnu des jeunes générations. Ce contraste illustre les différences culturelles et technologiques entre deux systèmes bancaires européens pourtant voisins.

Des usages opposés de part et d’autre des Pyrénées

S’ils ont presque disparu du quotidien, quelques types de chèques subsistent encore en Espagne. Le plus courant est le chèque de banque (cheque bancario), émis et garanti par la banque, utilisé pour des transactions importantes comme l’achat d’un bien immobilier ou d’un véhicule. Il offre une sécurité totale, mais reste payant, avec des frais pouvant atteindre 1 % du montant.

Les chèques certifiés (cheques conformados) existent aussi : la banque y garantit la provision du compte du client. Plus sûrs que les chèques personnels, ils restent toutefois rares. Enfin, certains chèques sont barrés ou marqués para abonar en cuenta, signifiant qu’ils doivent être déposés sur un compte, jamais encaissés en espèces — une mesure supplémentaire de sécurité.

Les chèques ordinaires, eux, sont devenus impraticables : encaissement lent, frais élevés, et risque de non-acceptation. D’après la Banque d’Espagne, les paiements par chèque représentent désormais une fraction infime des transactions, largement remplacés par les virements instantanés et les paiements numériques. Les banques espagnoles ont, dès les années 1990, misé sur la carte bancaire et la digitalisation.

moins cher en espagne

Aujourd’hui, la plupart des Espagnols utilisent aussi Bizum, une application de transfert d’argent instantané intégrée à leurs applis bancaires, devenue un réflexe national.

Le chèque français, une exception qui s’effrite

En France, le chèque conserve une place privilégiée. Les banques en fournissent encore gratuitement, et il reste apprécié pour les paiements entre particuliers, les dons ou les règlements de loyers. La Banque de France estime que l’Hexagone émet à lui seul près de 90 % des chèques européens, un record.

Mais son usage s’arrête aux frontières : les chèques français ne sont pas acceptés en Espagne, et leur encaissement y est souvent impossible. À l’étranger, ce moyen de paiement devient coûteux et peu pratique, en raison des frais bancaires et des délais de traitement. Pour les paiements internationaux, la carte bancaire et le virement SEPA se sont imposés comme des solutions plus rapides et sûres.

Peu à peu, la France suit donc la voie tracée par son voisin espagnol : celle d’une économie plus numérique, plus fluide et sans papier.

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