L’Europe veut décarboner l’économie et parie sur le rail pour les grands trajets. En ce sens, le Conseil européen souhaite un Paris–Madrid–Lisbonne à grande vitesse et direct.
Relier Paris à Madrid en un maximum de six heures, et Madrid à Lisbonne en trois heures : c’est le grand projet de Bruxelles.
Pour mener à bien ce dossier, il est indispensable que la France débloque les travaux sur les corridors méditerranéens et atlantiques afin de réduire les temps de trajet, ce qui n’est prévu ni à court ni à moyen terme par le gouvernement actuel.
De fait, à ce jour, il n’existe aucun train direct entre Madrid et Paris. L’option la plus rapide consiste à effectuer une correspondance à Barcelone, ce qui porte la durée du voyage à plus de dix heures. Au départ de la gare de Sants, le trajet jusqu’à Lyon dure environ sept heures, avec huit arrêts intermédiaires — de Gérone à Montpellier, en passant par Narbonne. Ces deux liaisons quotidiennes sont opérées par la SNCF sous sa marque TGV InOui.
La Renfe espagnole proposait ce trajet jusqu’en 2022, en partenariat avec Ouigo, avant d’en être écartée par la SNCF. La société française a profité de l’interruption due à la pandémie de Covid pour mettre fin à la collaboration, invoquant des pertes cumulées de 100 millions d’euros depuis 2013.
Infrastructures à la traîne
La SNCF traîne des pieds pour adapter ses infrastructures dans le sud de la France, qui ne sont pas compatibles avec la grande vitesse et provoquent des goulets d’étranglement, ralentissant la circulation des passagers comme des marchandises.
La Commission européenne demande d’effectuer les travaux nécessaires, en fixant « des échéances contraignantes d’ici à 2027 » afin de permettre d’atteindre des vitesses « supérieures à 250 km/h lorsque cela est économiquement viable ».
Le plan prévoit que la liaison Paris–Madrid passe par le corridor atlantique français, également engorgé. Mais les investissements nécessaires ont été reportés par le gouvernement d’Emmanuel Macron il y a deux ans, et tout indique qu’ils ne seront pas achevés avant 2042, alors que Bruxelles souhaite voir la ligne Paris–Madrid–Lisbonne opérationnelle avant 2040.
La Commission se veut néanmoins rassurante. Le commissaire européen aux Transports, le conservateur grec Apostolos Tzitzikostas, a assuré cette semaine en conférence de presse que ses services « redoublent d’efforts pour débloquer la situation entre l’Espagne et la France ».