À Barcelone et en Catalogne, des automobilistes étrangers font part d’une montée des actes de vandalisme ou de vols ciblés à l’encontre de leur véhicule. Retour sur ce phénomène inquiétant qui semble se multiplier ces dernières années. Témoignages.
Dans les ruelles de Barcelone et les routes sinueuses de Catalogne, les voitures venues d’ailleurs sont devenues des proies idéales pour les voleurs. Les données de la police catalane confirment par ailleurs une recrudescence inquiétante de ce phénomène qui touche néanmoins l’ensemble des automobiles. Au premier trimestre 2025, 2.005 véhicules ont été volés ou vandalisés en Catalogne, soit plus du quart des vols enregistrés en Espagne selon le ministère de l’Intérieur espagnol. Un chiffre qui place par ailleurs la Catalogne en tête des communautés autonomes les plus touchées par ces délits. Derrière ces chiffres, deux Barcelonaises d’adoption ont subi des mésaventures en lien avec leur véhicule au sein de la cité comtale, illustrant ainsi cette montée en puissance d’actes de malveillance.
Vols à la pelle
« J’étais à un mètre de ma voiture », raconte Marie, 56 ans. « Je rangeais mon caddie au IKEA de Gran Via, je venais de déposer mon sac et mon manteau sur le siège passager. En une minute, tout avait disparu. » Sa voiture, immatriculée en Espagne mais équipée d’un volant à droite, vestige de sa vie londonienne, aurait suffi à signaler sa différence. « Très certainement la raison du vandalisme », estime-t-elle aujourd’hui. Artiste peintre et décoratrice d’intérieur installée à Barcelone depuis dix ans, Marie n’est pas du genre naïve. Elle a porté plainte, bien sûr. Mais la réponse des assurances l’a laissée incrédule : pas de remboursement sans agression physique. Résultat : sac à main, lunettes de vue, clés de maison, papiers d’identité, tout a disparu, sans indemnisation. « La police m’a paru blasée, presque résignée », confie-t-elle.
L’histoire ne s’arrête pas là. Quelques mois plus tard, sur la Costa Brava, la vitre de sa voiture est brisée et des effets personnels sont volés. Même scénario : plaque locale, mais volant à droite. « Nous adorons Barcelone, mais le climat devient pesant. », admet Marie. Les malfrats ne s’arrêtent pas et élaborent même des plans bien rodés pour sévir.
La crevaison piégée
Mavis, 66 ans, connaît Barcelone depuis toujours : la cité comtale est son berceau. Mais après quarante ans passés à Paris, elle y revient désormais en touriste, au volant d’une voiture immatriculée en France. Durant un week-end, elle s’arrête à un feu rouge au niveau de la rue València. Une moto s’approche et lui fait signe que le pneu du véhicule de Mavis est crevé. L’homme descend, propose son aide, désigne un garage situé « tout près ». Mavis parle un castillan parfait, ce que surprend l’individu mais ne le dissuade pas à passer son chemin.
Pendant ce temps, son complice observe effectivement de loin. La fenêtre est entrouverte, les sacs visibles sous les sièges. En un geste, le contenu disparaît : cartes bancaires, passeports, téléphones, clés… « Ils savaient exactement où regarder », déplore Mavis qui estime également que leur pneu a été crevé car la plaque d’immatriculation était française. Mavis se rend par la suite dans un poste de police catalan et attend environ cinq heures avant de déposer plainte. Malgré les démarches, l’assurance refuse de couvrir le vol : « pas de violence, donc pas de remboursement », soupire-t-elle avant de poursuivre : « j’ai des amies catalanes qui ont vécu la même chose, simplement parce qu’elles étaient des femmes seules au volant. »
Les plaques étrangères, nouvelles proies des voleurs
En parallèle, un nouveau phénomène prend de l’ampleur à Barcelone : le vol des plaques étrangères, et plus particulièrement les plaques françaises. Les autorités européennes émettent d’ailleurs régulièrement des avertissements à ce sujet. En août dernier, à Dénia, au sud de Valence, un Suisse de 56 ans avait déjà été arrêté après avoir volé 30 plaques en une semaine. Selon la police, il comptait les accrocher chez lui, la plupart des plaques étaient suisses. À Tenerife aussi, des plaques volées ont été retrouvées cet été.
Selon les autorités espagnoles, ces larcins permettent principalement à maquiller des véhicules volés, ou de circuler sans identification claire. Les Mossos surveillent désormais activement ces immatriculations « fantômes », notamment dans les zones frontalières et les parkings d’aéroports. La vigilance est donc de mise.
