À Barcelone, la coiffure est un véritable marché cosmopolite. Des salons espagnols aux établissements internationaux, on croise des clients venus du monde entier. Pourtant, parmi cette diversité, les Français semblent garder une préférence pour les salons dirigés par leurs compatriotes.
Le choix d’un salon ne se limite pas seulement à la technique ou aux services proposés : il reflète aussi une recherche de confort et de familiarité dans un environnement étranger. Cette tendance souligne à quel point la langue, la culture et le style personnel peuvent influencer les habitudes des expatriés. Pourquoi un Français vivant à Barcelone choisirait-il de franchir la porte d’un coiffeur français plutôt qu’un salon espagnol ou catalan ?
Langue et culture : la première barrière à franchir
Pour Ylenia, coiffeuse espagnole dans le quartier de Sant Andreu, la langue reste un élément central dans le choix d’un salon de coiffure. Elle souligne que certains clients étrangers peuvent rencontrer des difficultés à exprimer précisément leurs attentes. “Avec les Italiens, par exemple, il faut comprendre des termes très spécifiques pour les mèches ou les balayages. Ce n’est pas une question de technique, mais de langage. Parfois, un mot signifie quelque chose de différent dans un autre pays”, explique-t-elle. Selon elle, ce facteur explique en partie pourquoi certains Français recherchent un coiffeur francophone : le confort de la communication permet d’éviter les malentendus et de garantir que le résultat corresponde exactement à ce qu’ils imaginent.
Philippe Venoux, coiffeur français installé à Barcelone depuis les années 90, est l’un des professionnels les plus renommés de la ville. Reconnu pour avoir coiffé les têtes couronnées d’Espagne, Carla Bruni et d’autres célébrités internationales, il est devenu une référence pour les clients français en quête d’exigence et de qualité. Il confirme le point de vue d’Ylenia, mais y ajoute une dimension culturelle : “Les Français aiment retrouver une attention en français. C’est un petit côté ‘racines’ et confort psychologique. On se sent compris et en confiance, ce qui est essentiel, surtout pour un service aussi personnel que la coiffure.” Selon lui, ce mélange de langage et de culture partagée n’est pas simplement pratique, c’est aussi une manière de conserver un lien avec ses habitudes françaises.
Exigence et style : la coupe avant tout
Au-delà de la langue, la qualité technique joue un rôle majeur dans le choix d’un coiffeur français. Philippe Venoux insiste : “Ils attendent un niveau de précision et de qualité qu’ils connaissent en France, surtout pour les coupes, les balayages et les mèches. Les Français sont habitués à un certain standard et veulent retrouver cette exactitude.” Loris, 24 ans, commercial et vidéaste installé à Barcelone depuis deux ans, habitué d’Akbal Studio, un salon français du Gótico, confirme la tendance :“C’est mieux avec mon amie coiffeuse Wendy. Je lui fais confiance et je me sens plus à l’aise. Je pense que les coiffeurs français comprennent en majorité mieux mon style et mes attentes. La langue joue un rôle important.”
Pour Sandrine, 57 ans, consultante installée à Barcelone depuis sept ans, qui a essayé plusieurs salons espagnols avant de se tourner vers le coiffeur français Damien Ducorney, la différence dans le résultat final est incontestable : “Au départ, j’ai essayé un coiffeur espagnol, mais la coupe était un peu vieillot alors que je voulais quelque chose de plus moderne. Avec un coiffeur français, les coupes, les dégradés et les balayages sont exactement comme je le souhaite, même si les tarifs sont plus élevés.”
Philippe Venoux note également que le comportement et les attentes diffèrent selon la nationalité. “Les Espagnols sont beaucoup plus conciliants et moins critiques. Les Français, eux, sont plus exigeants. Ils comparent souvent avec d’autres salons et cherchent à retrouver la qualité qu’ils connaissent en France.”
Le rôle psychologique du coiffeur
Pour Philippe Venoux, le coiffeur ne se limite pas à un travail technique, il joue aussi un rôle quasi psychologique. “Une cliente est revenue quelques mois après sa coupe et m’a raconté qu’elle venait de divorcer. Pour elle, changer de coiffure signifiait un renouveau personnel. Le coiffeur devient un confident et parfois un catalyseur de changement dans la vie de ses clients.”
Cette dimension humaine, que Loris et Sandrine apprécient, est renforcée par la confiance et la familiarité. Loris insiste sur le confort relationnel avec son amie coiffeuse : “Je me sens plus à l’aise et je sais qu’elle comprendra exactement ce que je veux.” Pour Sandrine, le résultat et le style moderne justifient également le choix : “Je suis ravie de son travail et de ses services. C’est ce qui fait la différence.”
Entre le confort linguistique, la compréhension culturelle, l’exigence technique et la relation humaine, le choix d’un coiffeur français à Barcelone apparaît comme un mélange de plusieurs facteurs. Ce n’est pas seulement une question de nationalité : c’est aussi un choix de qualité, de précision et de confiance. Comme le résume Philippe Venoux : “Pour les Français, retrouver un coiffeur francophone, c’est un petit bout de chez eux, un confort dans un environnement étranger.”
