Oriol Junqueras refuse de faciliter sa sortie de prison

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Ce vendredi matin, les anciens ministres du gouvernement catalan sont passés devant le juge du Tribunal suprême pour réclamer leur mise en liberté. La réponse ne sera connue que lundi. L’ancien vice-président Oriol Junqueras n’a pas pleinement coopéré.

Les huit anciens ministres catalans sont détention provisoire depuis le 2 novembre et les « Jordis », ces deux responsables d’associations séparatistes, depuis le 16 octobre dernier. Ce matin, le juge Pablo Llarena du Tribunal suprême a auditionné les prisonniers qui demandent leur libération afin de pouvoir participer à la campagne électorale, laquelle commence officiellement mardi prochain. La plupart d’entre eux sont candidats. L’ancien vice-président Oriol Junqueras est en tête de sa propre liste de la gauche indépendantiste ERC. Jordi Sanchez, président de l’association séparatiste ANC, est numéro deux sur la liste concurrente de Carles Puigdemont.


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Les responsables politiques sont en prison préventive dans le cadre de leur implication dans le référendum non autorisé du 1er octobre et de la déclaration d’indépendance du 27 octobre. La juge de l’Audience nationale Carmena Lamela avait ordonné leur placement en prison préventive en raison du risque de récidive, de fuite et de destruction de preuves.

Pour bénéficier de leur remise en liberté dans l’attente de leur jugement, les prévenus doivent faire amende honorable : reconnaître qu’ils ne font plus partie du gouvernement catalan en étant destitués via l’article 155 de la Constitution et s’engager à ne plus sortir du cadre légal et constitutionnel lors de leurs actions politiques.

Ce matin, lors de l’audience, tous les prévenus n’ont pas réagi de la même manière. La loi permet de ne pas répondre aux questions du procureur. Le jour de leur incarcération, aucun ministre n’avait voulu répondre au procureur, ce qui a probablement déclenché leur mise en détention. Lors de l’audience d’aujourd’hui, la majeure partie des prévenus ont collaboré. Les anciens ministres de la fonction publique Meritxell Borras,de l’Intérieur Joaquim Forn et de l’aménagement du territoire Josep Rull ont répondu à l’ensemble des questions du parquet. L’ancienne ministre du travail Dolors Bassa a répondu à la quasi-totalité des questions. Carles Mundo, ex-ministre de la justice, n’a lui pas répondu à l’ensemble de l’interrogatoire du procureur.

Défiance d’Oriol Junqueras

En revanche, l’ancien vice-président Oriol Junqueras et l’ex-ministre des Affaires étrangères Raül Romeva ont refusé de prendre la parole devant le parquet. Un geste de défiance qui pourrait sérieusement compliquer leur mise en liberté. Sans pouvoir confirmer cette hypothèse, il est probable qu’étant en tête dans les sondages face à la liste de l’ancien président Puigdemont, Oriol Junqueras pourrait avoir comme stratégie de rester emprisonné durant la campagne afin de conserver l’émotion parmi des électeurs indépendantistes.

Par ailleurs, Carles Puigdemont qui se considère comme président légitime de la Catalogne, pourrait cibler son ancien vice-président comme un « traître » pour avoir formé une liste concurrente à la sienne. Enfin, pour être libéré, Oriol Junqueras doit reconnaître « à voix haute » qu’il accepte sa destitution et que la déclaration d’indépendance était simplement symbolique. Une position inconfortable devant l’électorat indépendantiste quand Carles Puigdemont profite de sa liberté en Belgique pour tenir des propos radicaux, en refusant de reconnaître sa suspension et revendiquant la déclaration d’indépendance et la naissance de la République Catalane.

Lundi prochain sera crucial

Lundi prochain est une date à marquer en rouge. Le juge Pablo Llarena rendra sa décision de remettre en liberté ou non les prévenus. Une potentielle libération qui pourrait s’accompagner de cautions importantes. Pour ne pas aller en prison, la présidente du parlement Carme Forcadell a dû payer une somme de 150.000 euros. Multiplié par les dix prévenus, la caution pourrait dépasser le million d’euros. Un montant que seraient à même de rassembler les partis indépendantistes et les associations séparatistes qui ont effectué des collectes au sein de la population catalane.

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Lundi prochain, au même moment, la justice belge entendra l’ancien président Puigdemont et ses 4 anciens ministres réfugiés avec lui pour faire avancer la demande d’extradition vers l’Espagne.

Le parcours du combattant pour sortir de prison

On ne sort pas facilement de prison. Les anciens ministres ont été transportés en fourgon de leur prison jusqu’aux geôles du tribunal. Un endroit « sordide », a écrit dans une lettre l’ancien ministre Rull. Ils sont ensuite retournés à leur prison en fourgon à une heure de Madrid. Ils referont la même scène lundi pour écouter la réponse du juge. Même si le juge accepte leur remise en liberté, ils repasseront par la case prison pour reprendre leurs affaires. Ils pourraient également se retrouver bloqués dans leur cellule tant que l’éventuelle caution ne sera pas versée. Même si ils sont dans une prison dite VIP, les prisonniers se plaignent de leurs conditions de détention, notamment du froid glacial qui règne dans les prisons de Madrid.

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