Puigdemont tente de passer en force au parlement catalan

puigdemont en fuite

Le parlement catalan doit investir un nouveau président. Carles Puigdemont, acculé par la justice espagnole, reste en embuscade. S’il ne se retire pas, la Catalogne restera bloquée par l’article 155 de la Constitution.

Le parlement devait se réunir aujourd’hui à 15h pour investir un nouveau président. Finalement, la session plénière a été suspendue par le président du parlement Roger Torrent. Elle peut être reprogrammée à tout moment.

Contrairement à la France, on ne vote pas directement pour un président mais pour des députés. Il y a 135 députés au Parlement catalan, ce sont eux qui ensuite votent pour investir le président de la Catalogne. Les indépendantistes avec le groupe de Carles Puigdemont (34 sièges), la gauche républicaine (32) et l’extrême-gauche de la Cup (4) détiennent la majorité absolue avec 70 élus.

Dans des conditions normales, c’est Carles Puigdemont qui aurait été investi puisqu’il est arrivé en tête des listes indépendantistes le soir des élections. Sauf qu’a priori Carles Puigdemont n’est pas présent en Catalogne et continue son séjour à Bruxelles. Samedi, le Tribunal constitutionnel a clairement indiqué que Carles Puigdemont ne pouvait pas être investi à distance, en prononçant un discours par vidéo-conférence ou en déléguant celui-ci à un autre député par exemple. Au préalable, toujours selon la sentence du Conseil constitutionnel, l’ancien président doit passer devant le juge Pablo Larena, en charge du suivi des poursuites pour sédition et rébellion, afin d’obtenir l’autorisation de se présenter devant le parlement.

Evidemment Puigdemont n’a donné aucun signe de vie au juge, donc il est impossible légalement qu’il puisse se faire investir, même si à la surprise générale, il se présentait dans l’hémicycle. En revanche, l’ancien président, avec un noyau de proches, fait pression pour que le parlement désobéisse au Tribunal constitutionnel et force son investiture. Une élection qui serait nulle juridiquement et suivie d’aucun effet dans la mesure où elle sera automatiquement suspendue par l’Espagne, non signée par le Roi et non inscrite dans les journaux officiels.

Blocage institutionnel

Peu importe, Carles Puigdemont veut être symboliquement investi même pour une durée de deux minutes afin de garder une légitimité depuis Bruxelles, ce qui lui permettra de continuer à faire des voyages « officiels » comme la semaine dernière au Danemark. Ce passage en force mettrait les institutions catalanes dans une situation de blocage. L’investiture étant considérée comme nulle, l’opération déboucherait sur de nouvelles élections parlementaires au printemps prochain. Pendant ce temps, l’article 155 de la Constitution resterait en vigueur. Pas de gouvernement catalan, le budget de la Generalitat est gelé. Suite à un imbroglio fiscal avec l’Etat espagnol, l’audiovisuel public TV3 et Catalunya Radio ont besoin en juin au plus tard de rallonges budgétaires pour continuer à fonctionner normalement. Pas de gouvernement, pas de nouveaux financement, TV3 devrait stopper certains de ses programmes phares. La pression est donc maximale.


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Beaucoup de dirigeants de PdeCat, le parti d’Artur Mas et Puigdemont, et de la gauche indépendantiste ERC souhaitent que Carles Puigdemont se retire et laisse sa place à un de ses proches pour former dès les prochains jours un nouveau gouvernement qui permettrait la levée de l’article 155. Jordi Turull, ancien porte-parole du gouvernement, est le favori pour devenir le prochain président de la Generalitat si finalement Carles Puigdemont accepte de « faire un pas de côté ».

Psychodrames, coups de théâtre, portes qui claquent, le parlement catalan devrait en tous cas vivre dans les prochaines heures et les prochains jours des moments de tension intense.

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