La Catalogne se cherche désespérément un président

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L’indépendantisme doit trouver un candidat qui pourrait séduire l’extrême-gauche de la Cup dont les voix sont indispensables pour l’investiture.

La Catalogne se cherche un président. Carles Puigdemont ne peut être investi par le parlement du fait de son exil mais reste -pour le moment- le leader moral du camp indépendantiste. Depuis Bruxelles, c’est lui qui choisit le nom de son successeur. Cherchant à mettre en porte-à-faux la justice espagnole, Puigdemont a demandé la semaine dernière à ce que le parlement investisse Jordi Sanchez, l’ancien chef de l’association indépendantiste ANC.

Incarcéré depuis le 16 octobre à la prison madrilène de Soto del Real pour son rôle joué dans les événements entourant la déclaration d’indépendance, Sanchez n’a pas obtenu l’autorisation de son juge Pablo Llerana pour sortir de prison et entrer au Palau de la Generalitat. Le camp Puigdemont voulait une fois de plus internationaliser l’affaire en saisissant le Tribunal européen des Droits de l’Homme, avant de finalement se raviser ce matin.

Draguer l’extrême-gauche

Afin de former un gouvernement et lever l’article 155 de la Constitution qui suspend l’autonomie politique de la Catalogne, Carles Puigdemont doit proposer un nouveau nom. Depuis de nombreuses semaines circule celui de Jordi Turull, porte-parole du précédent gouvernement. Un scénario qui pourrait ne jamais avoir lieu car l’arithmétique de l’investiture est diabolique.

Ce sont les députés catalans qui investissent le président. Le camp contraire à l’indépendantisme dispose de 65 sièges repartis entre Ciutadans, les socialistes, Podemos et le Partido Popular. Les deux partis indépendantistes qui ont passé un accord gouvernemental (Junts Per Catalunya de Carles Puigdemont et la gauche d’ERC) disposent de 66 sièges. Donc logiquement la majorité. Mais Carles Puigdemont et l’ancien ministre de la Santé Toni Comin sont tous deux députés et exilés à Bruxelles. Ils ne peuvent donc pas voter. Le camp indépendantiste se retrouve donc à 64 sièges contre 65 des unionistes. Il doit aller supplier l’extrême-gauche de la Cup pour qu’avec ses 4 députés, elle facilite l’investiture. Sauf que la Cup estime que le programme électoral de Junts per Catalunya et ERC n’est pas assez indépendantiste. La formation anti-capitaliste avait annoncé une abstention pour l’investiture de Jordi Sanchez. Jordi Turull est un proche d’Artur Mas. Ce qui le disqualifie totalement aux yeux de la Cup qui pourrait voter non à l’investiture, bien que Turull ait passé un mois en prison suite à la déclaration d’indépendance. Encore plus compliquée serait l’élection du bras droit de Puigdemont, Elsa Artadi, elle aussi pressentie à la présidence, mais qui a commis le péché de faire ses études à Harvard. Impardonnable pour les anti-systèmes de la Cup.

Les indépendantistes pourraient reproduire le scénario de début 2016. Quand Carles Puigdemont était encore inconnu du grand public, il a été choisi pour remplacer Artur Mas suite au véto de la Cup. L’opération visant à sortir du chapeau un troisième couteau très engagé dans la cause indépendantiste afin d’obtenir les votes de l’extrême-gauche.

Quelques noms circulent comme celui de Quim Torra, ancien président de l’association indépendantiste Omnium, avocat, écrivain et journaliste. L’ancien président des municipalités séparatistes Lluís Guinó serait également sur la liste. « Ils n’ont aucune chance, même pas en rêve » sentence cependant à Equinox un attaché parlementaire proche de la gauche indépendantiste.

Si les indépendantistes ne trouvent pas le chemin de sortie de ce cul-de-sac, de nouvelles élections parlementaires seront organisées. Aux résultats incertains. Dégoûtés par ce spectacle, les électeurs indépendantistes pourraient s’abstenir et ainsi offrir le pouvoir à Inès Arrimadas et Ciutadans, ce qui provoquerait un véritable tremblement de terre politique.

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