Carles Puigdemont déclenche une crise d’Etat en Espagne

L’Espagne est sur le point de traverser une crise majeure devant l’impossibilité de stopper le mouvement indépendantiste.

Les différentes composantes de l’État espagnol ont perdu le contrôle dans le conflit indépendantiste. Le premier revers de la justice allemande qui a remis en liberté Carles Puigdemont et retiré la charge de rébellion a suscité un tremblement de terre au sein du gouvernement, parquet et tribunal suprême. A Madrid,  on attend avec angoisse la réplique de la secousse avec le possible refus complet de la justice allemande d’extrader Carles Puigdemont. Celui-ci retrouverait sa pleine liberté de mouvement dans toute l’Europe et continuerait son travail d’érosion des institutions espagnoles.

Le tribunal allemand ne retient pour le moment que la charge de malversation financière, et doit confirmer dans les prochains jours que ce délit a bien été commis par l’ancien président de la Catalogne. Le ministre du budget espagnol Cristobal Montoro a bloqué les comptes du gouvernement catalan en septembre. Par crédibilité politique, Montoro affirme qu’il est impossible que le gouvernement catalan ait pu se servir dans les caisses publiques pour financer le référendum du 1er octobre. Par cette déclaration, le ministre espagnol met à mal la théorie du juge instructeur Pablo Llarena qui croit savoir que deux millions d’euros ont été puisés dans les arcanes publiques catalanes par Carles Puigdemont et son gouvernement. Le juge s’appuie sur un rapport mal ficelé de la Guardia Civil espagnole qui a basé son calcul sur des e-mails retrouvés lors de perquisitions.

Si conjointement le tribunal allemand rejette le délit de malversation et que le ministre Montoro apporte les preuves qu’aucune somme n’a été détournée, c’est toute l’instruction du juge Llarena qui s’écroulerait comme un château de cartes. Le bras judiciaire de l’État espagnol serait cassé. Si au contraire, il s’avère que Cristobal Montoro a menti et que malgré le blocage des comptes catalans les indépendantistes aient réussi à financer le référendum avec des fonds public, le ministre du budget devrait démissionner, et Mariano Rajoy serait affaibli comme jamais.

Puigdemont veut faire trembler l’Etat espagnol

L’ancien président catalan attend avec impatience à Berlin la décision de son juge pour savoir si il est extradé ou si l’ensemble des charges sont abandonnées. Carles Puigdemont possède deux armes pour fragiliser l’État espagnol. Faire le tour des pays de la zone euro pour expliquer que le gouvernement espagnol est peu démocratique, arriéré et rongé par un franquisme revanchard.  Si Puigdemont n’est pas extradé, son tour d’Europe sera long et pénible pour le gouvernement Rajoy. Avec cette épée de Damoclès qui plane au-dessus du gouvernement espagnol : que la chancelière allemande Angela Merkel demande au conseil de l’Europe une médiation pour mettre un terme à la crise catalano-espagnole qui réveille les désirs séparatistes aux quatre coins du continent.

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Le second plan de Carles Puigdemont est de bloquer l’investiture du prochain président de la Catalogne. Avec ses 34 députés qui lui sont fidèles, Carles Puigdemont a le pouvoir de bloquer le parlement. Si aucun président n’est officiellement investi d’ici au 22 mai, de nouvelles élections catalanes auront automatiquement lieu le 15 juillet. Un nouveau scrutin qui ne fait pas peur à Carles Puigdemont. Il se dit persuadé d’arriver en tête d’une nouvelle élection, renforcé par les décisions de la justice allemande.  Puigdemont juge possible de passer devant Inès Arrimadas qui n’avait que  160.000 suffrages d’avance le 21 décembre dernier.

Ciutadans est en embuscade

Le parti Ciutadans se délecte ouvertement des difficultés que rencontre le gouvernement de Mariano Rajoy avec Carles Puigdemont. Ciutadans se propose d’assurer la relève et offre sa candidature aux prochaines élections législatives. Le programme du parti orange se base sur la fermeté, l’autorité et la répression. Il estime que Mariano Rajoy a échoué complètement dans son bras de fer avec les indépendantistes catalans. Ciutadans veut quasiment supprimer les autonomies politiques de la Catalogne et du Pays Basque. L’ntelligentsia madrilène et l’Espagne rurale semblent d’accord : le nouveau parti de droite décomplexée face à l’indépendantisme catalan sera Ciutadans.

Les derniers sondages offrent un raz-de-marée à Albert Rivera, au détriment du Partido Popular de Mariano Rajoy. Théoriquement la prochaine législative n’aura lieu qu’en décembre 2019. La crise catalane pourrait toutefois brusquement accélérer le calendrier. Mariano Rajoy doit faire adopter le budget général de l’Espagne devant le parlement.

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Le Partido Popular ne disposant pas de majorité absolue, un attelage branlant composé de Ciutadans et des nationalistes basques a été monté pour apporter les voix nécessaires à l’adoption du budget.  Sauf qu’en raison de l’article 155 de la constitution qui est toujours en vigueur en Catalogne, le Parti National Basque refuse de voter le budget.

Les Basques qui flirtent avec le désir indépendantiste se veulent solidaires de la Catalogne. Parallèlement, ils ont l’envie de voter ce budget 2018 qu’ils ont négocié avec Mariano Rajoy, et dans lequel les avantages fiscaux sont nombreux pour Euskadi. Les dirigeants basques viennent régulièrement à Barcelone pour demander aux partis indépendantistes d’investir un président, de former un gouvernement et de mettre fin à l’article 155. Favorable au choc frontal avec le gouvernement espagnol, Carles Puigdemont peut aller justement dans le sens inverse : bloquer l’investiture et faire perdurer l’article 155. Ainsi pas de vote du budget et la chute de la maison Rajoy avec la convocation de législatives espagnoles anticipées.

 

 

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