Les socialistes cherchent une coalition pour faire tomber Mariano Rajoy

Le tremblement de terre du verdict de l’affaire Gürtel qui frappe de plein fouet le Partido Popular (PP) de Mariano Rajoy fait trembler le gouvernement d’Espagne.

Hier, des proches du premier ministre Mariano Rajoy, dont l’ancien trésorier de son parti, ont été condamnés à de lourdes peines de prison. Le Partido Popular lui-même a été frappé d’une amende, le tribunal estimant que le parti était à l’origine d’un réseau de corruption institutionnel.

Mariano Rajoy gouverne l’Espagne en minorité. Le système électoral fonctionne à la proportionnelle et suite aux résultats de l’élection législative de juin 2015, le Partido Popular ne dispose que de 137 députés sur les 350 que compte le parlement. Pour faire adopter ses lois, le PP passe des accords ponctuels avec le parti Ciutadans ou les élus locaux des Canaries et du Pays basque.

Difficile de déloger Mariano Rajoy du pouvoir

Frappé par ce scandale majeur de corruption, le PP se retrouve politiquement isolé. Les socialistes espagnols ont déposé ce matin une motion de censure pour faire tomber le gouvernement Rajoy. Ce dispositif parlementaire est une épée à double tranchant. Si la motion prospère, elle fait tomber le chef du gouvernement, mais elle élit automatiquement le candidat à la succession. En l’espèce, le chef des socialistes Pedro Sanchez. Autrement dit voter contre Rajoy, c’est voter socialiste. D’où l’embarras dans lequel se retrouve Ciutadans. Donné favori dans les sondages, le parti d’Albert Rivera ambitionne de récupérer les votants du PP qui sont déçus par la gestion de la crise catalane. Mettre au pouvoir un socialiste est délicat pour le parti orange qui risquerait de voir les électeurs conservateurs se tourner à nouveau vers le Partido Popular lors des législatives de l’an prochain.

Ciutadans qui se présente comme le chevalier blanc anti-corruption devra chercher une excuse pour ne pas voter la motion. Si tel est le cas, un chemin de croix commencera pour Pedro Sanchez. Il devra passer un accord avec les 17 parlementaires indépendantistes catalans. Un pacte qui risque de mettre mal à l’aise à la fois l’intelligentsia madrilène et l’Espagne profonde tant les indépendantistes sont diabolisés.  Fusse-t-il encore que ces derniers acceptent de voter pour Pedro Sanchez qui par trois fois lors de ces derniers jours a traité publiquement le président catalan Quim Torra de raciste, le comparant à Marine Le Pen.

Il faudra également que les socialistes réussissent à convaincre les 5 élus indépendantistes basques qui ont voté avant-hier les budgets de Mariano Rajoy obtenant un bonus de 3 milliards d’euros pour le développement de la région. Toujours opportunistes, les parlementaires basques demandent quel serait l’engagement financier de Pedro Sanchez pour Euskadi. Enfin il faudra compter avec les votes de deux élus des îles Canaries. Pour le moment, seule la gauche radicale de Podemos soutient ouvertement les socialistes.

La politique espagnole est tellement instable qu’une chute de Mariano Rajoy n’est pas impossible, mais ce n’est pas le scénario le plus probable.

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