Les difficultés de l’Espagne: une opportunité pour la Catalogne

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L’écrivain catalan Andreu Claret écrit depuis des mois ses « chroniques de Catalogne » qui décortiquent sous une fine plume la politique catalane. Désormais, Equinox publiera les meilleures feuilles.

La difficulté de l’Angleterre est l’opportunité de l’Irlande.

Au vu des réactions qu’a suscité, entre certains indépendantistes catalans, l’arrivée de Pedro Sánchez à la Moncloa, cette vieille maxime m’est venue en tête. Aussi vieille que le nationalisme irlandais, qu’a forgé Daniel O’Connell quand il a pris le chemin de l’émancipation de ses paysans catholiques au milieu du XIX.

Traduisons: Dans les difficultés de l’Espagne se trouvent les opportunités de la Catalogne. Une phrase lapidaire, aussi attirante que toxique. Cela mène à la politique du pire, cela fut très efficace pendant les années Rajoy. Un aphorisme qui suggère maintenant cet autre, formulé par Manolo Vázquez Montalbán: « Contre Franco nous vivions mieux ». Et contre Rajoy, aussi.

Que se passera-t-il avec Sánchez? L’adage sera-t-il toujours vrai ? Ou vivrons-nous pire, avec le sentiment que Vázquez faisait une boutade ? Ainsi, il n’est pas étonnant qu’une confusion diffuse traverse les rangs du mouvement indépendantiste. Les plus hystériques continuent à chercher de la matière pour alimenter la méfiance, fouillant dans certaines biographies des nouveaux ministres, mais le nouveau gouvernement et sa musique (on ne connaît pas encore les paroles) n’est pas une Espagne photographiée Black&White.

On ne pourra pas affronter ce gouvernement seulement avec des tweets. Il manquera des arguments. D’un côté, il ne se qualifie pas comme une autre manifestation du régime maudit de 78. Ou comme la photo d’une dictature « carpetovetónica ». Ou comme un gouvernement “de la N” pour utiliser l’inquiétante expression qui a fait fortune dans certains journaux en ligne.

Je pense que Quim Torra et Elsa Artadi en sont conscients. Au contraire, le gouvernement catalan n’avait pas émis de signaux de fumée positifs après s’être constitué, dans une coïncidence cabalistique, comme celui de Sánchez. Accompagnées, certainement, d’exigences maximalistes, mais ceci est dans le plan de toute négociation. Pour cela je suis un peu plus optimiste aujourd’hui qu’il y a quelques jours, et j’espère l’être moins lorsque Sánchez et Batet commencent à montrer leurs cartes. Pourquoi ? Parce que le gouvernement est beaucoup plus qu’un gouvernement du PSOE. C’est une opportunité. Pour quitter le trou dans lequel l’Espagne s’était cachée, et pour affronter la Grande Question: la Catalogne. J’ai toujours pensé que la phrase de O’Donnel était intraduisible en catalan. Jamais je n’ai cru que les difficultés de l’Espagne seraient des opportunités pour la Catalogne. Quelle bêtise ! Peut être parce que je suis né dans l’exil républicain, après une défaite de l’Espagne, qui en était aussi une de la Catalogne.

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