C’est la fin d’une collaboration qui aura duré neuf ans et transporté plus de 5 millions de voyageurs entre la France et l’Espagne. La libéralisation des chemins de fer européens aura eu raison du partenariat RENFE-SNCF qui prendra fin en décembre 2022.
Dans les bureaux d’Elipsos, près de la gare de Sants, c’est la consternation. Les employés de la société gérant l’entité RENFE-SNCF en Coopération ont appris la nouvelle mardi midi, alors que les premières dépêches sortaient dans la presse française. La SNCF a décidé d’arrêter le partenariat à la fin du contrat, c’est-à-dire en décembre 2022.
Il y a moins de trois mois pourtant, la collaboration paraissait au beau fixe, les deux entités annonçant en fanfare que les fréquences des trains entre la France et l’Espagne seraient multipliées par deux en 2023. Alors pour la RENFE aussi, c’est la douche froide. « La SNCF nous a communiqué cette semaine qu’elle mettrait fin à la coopération, nous leur avons exprimé le souhait de continuer à travailler ensemble sur les liaisons France-Espagne » indique Antonio Carmona, porte-parole de la RENFE en Catalogne.
L’opérateur espagnol rappelle que plus de 5,5 millions de passagers ont emprunté un TGV France-Espagne depuis le début de la collaboration et qu’il s’agit d’un marché important. Contactée par Equinox, la SNCF indique de son côté avoir « longuement cherché avec la RENFE des solutions pour améliorer la performance économique des dessertes assurées par Elipsos, mais aucune solution satisfaisante n’a été trouvée ». La pandémie a fait chuter le nombre de voyageurs de 72% en 2020, et la baisse était encore de 59% en 2021. Alors qu’un retour à l’activité pré-Covid n’est pas attendue avant encore un ou deux ans, le redressement est alors apparu urgent à l’entité française

TGV France-Espagne : le Paris Barcelone maintenu
Contrairement à son homologue espagnol, la SNCF estime que le marché n’a pas assez de potentiel à cause de l’ample offre de moyens de transport pour voyager entre la France et l’Espagne : trains, vols low-cost, bus, covoiturage et voiture. Il ne justifie donc pas les 8 à 14 trains par jour desservant actuellement 19 destinations entre les deux pays.
« Seuls les trains Paris-Barcelone présentent un bilan économique supportable, explique la SNCF, nous nous engageons donc à maintenir une offre entre les deux villes, plus rentable et plus agile ». L’entreprise explique déjà travailler sur une offre TGV INOUI, qui s’intégrera aux autres offres de son réseau français dès 2023. Elle n’exclut pas d’opérer sur d’autres connexions franco-espagnoles à l’avenir. Quant aux liaisons et fréquences 2022, elles ne devraient pas subir de changements. Le Madrid-Marseille reprendra du service dès le 8 avril, et la deuxième fréquence quotidienne entre Paris et Barcelone le 14 juin.