Derrière les barreaux : le dernier condamné à mort de Barcelone

medecin français à Barcelone

Activiste anarchiste sous la dictature franquiste, Salvador Puig Antich milite dès son plus jeune âge pour le soulèvement armé des classes ouvrières. Accusé d’avoir tué un policier au cours d’une arrestation, il fut le dernier condamné à mort de Barcelone, après avoir passé sa dernière nuit dans la prison de la Modelo, derrière les barreaux.

Il n’a que 25 ans lorsque la police l’arrête et le fait placer en détention pour le meurtre du sous-inspecteur de la police générale de Barcelone. Derrière cette accusation, c’est surtout sa vie de militant qui est sanctionnée. Salvador Puig Antich naît en 1948 en plein cœur de la capitale catalane, au sein d’une famille ouvrière de six enfants. Fils d’un membre de l’Action Catalane, parti politique indépendantiste, c’est donc dès l’enfance que le jeune garçon est initié au militantisme et aux questions de lutte sociale.

Durant son adolescence, il se lie d’amitié avec Javier Garriga et les frères Solé Sugranyes, qui vont rapidement l’initier à la politique par le biais du Mouvement ibérique de libération (MIL), groupe communiste de lutte contre la dictature et les injustices sociales. Mais c’est à la fin des années 1960 que le jeune catalan devient un des principaux activistes du groupe.

Inspiré par les figures révolutionnaires de son époque

Ce sont les épisodes de mai 1968 en France, puis l’assassinat d’Enrique Rueno, étudiant antifranquiste, par la police politique du régime, qui vont conduire Salvador Puig à s’engager activement dans la lutte contre la dictature. À l’aube de ces événements, il évolue ainsi vers des positions anarchistes, rejetant toute forme de hiérarchie au sein des organisations politiques et syndicales.

Derrière les barreaux Salvador PuigFoto propia

Il décide alors de rejoindre la branche armée du Mouvement de libération ibérique, avec laquelle il participe à des braquages de banque, symbole du capitalisme contre lequel il entend lutter. Mais en septembre 1973, à la suite de ce qui fut le dernier hold-up auquel participa Salvador Puig, la police procède à son arrestation.

Le militant anarchiste résiste et des tirs sont échangés, dont un qui blesse mortellement un policier. Ce coup de feu fatal est immédiatement attribué au jeune catalan, emprisonné à la Modelo à Barcelone. Jugé par une cour martiale, il est condamné à mort et exécuté le 2 mars 1974 par strangulation à l’aide d’un garrot.

La condamnation d’un innocent ?

De nombreux partis politiques et groupes de défense des droits de l’homme vont contester cette condamnation, jusqu’au chancelier allemand Willy Brandt qui demandera à l’époque qu’on le gracie. Des manifestations dans de nombreux pays européens vont ainsi être organisées afin de protester contre cette exécution. Au-delà, c’est tout le monde de la culture qui va lui rendre hommage, à l’image de Joan Miró qui peint la série « La esperanza del condenado a muerte » (l’espoir du condamné à mort).

Derrière les Barreaux Fresque à l’effigie de Salvador Puig, dans le Pays basque.

En mars 2016, la maire de Barcelone Ada Colau a inauguré un monument à sa mémoire, dans le quartier de Les Roquetes, dénonçant dans son discours l’impunité des crimes du franquisme, sujet encore largement tabou aujourd’hui en Espagne.

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