Addiction, corruption, prostitution : le sulfureux projet HardRock en Catalogne

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Objectif : convertir la Catalogne en un mini-Las Vegas. Mais le projet Hardrock fait polémique en raison de ses dommages sur l’environnement, la précarité des emplois créés et les valeurs véhiculées par l’entreprise. 

1,5 million de mètres carrés de béton recouvrant 850 hectares pour ériger casinos, hôtels et restaurants. C’est le projet pharaonique qui hante la vie politique catalane depuis une dizaine d’années. Le BCN Word, rebaptisé HardRock, est censé voir le jour dans la province de Tarragone, près de Port-Aventura et à moins d’une heure de Barcelone.

Dégâts environnementaux

Le projet compte sur le soutien d’une grande partie de la classe politique mais est paralysé par une forte opposition de la population. D’abord pour les dommages environnementaux. La zone est actuellement un espace protégé. Ensuite. le méga-complexe va puiser des tonnes d’eau dans le fleuve de l’Ebre, déjà mis à rude épreuve en ces temps de sécheresse comme le souligne l’association Aturem Hardrock (« stoppons Hardrock »). Pour l’heure, le gouvernement catalan a demandé des rapports sur le coût environnemental du complexe, ce qui paralyse le dossier. 

Plus de précarité

Le modèle socio-économique soulève également des questions. Les investisseurs, des fonds d’investissements liés à la Caixabank, évoquaient la création de 20.000 emplois directs et autant de postes indirects. Précarité, répond Aturem Hardrock qui sort sa calculatrice : « de 2009 à 2019, la Costa Daurada a augmenté de plus de 100% le nombre de touristes reçus, passant de 2 à 5 millions de touristes par an, tandis que le pouvoir d’achat des habitants de la zone a diminué de plus de 2,5% en moyenne sur la même période ».

Un concept de tourisme de masse qui montre ses limites à Barcelone, où la cohabitation entre les visiteurs et les habitants devient de plus en plus complexe. D’autant plus que, durant la pandémie, les pouvoirs publics ont promis de tirer le tourisme de Catalogne vers le haut en misant sur la qualité.

Flux de prostitution

Faire de la Catalogne un ersatz de Las Vegas signifie subir les mêmes inconvénients que la ville américaine. Même si le secteur de jeu a voulu vendre la destination comme un endroit familial, le lieu a été envahi par la prostitution. Un défi que Barcelone tente déjà de gérer avec les échecs que l’on connait.

Pour attirer le fameux tourisme familial, l’État du Nevada a rendu la prostitution totalement illégale, faisant concomitamment exploser l’offre clandestine ou déguisée. Il y a quelques années, alors que les annuaires téléphoniques de la ville étaient encore imprimés en papier, 104 pages étaient destinées aux services d' »accompagnatrices », un euphémisme que chacun comprendra. Plus grave, en 2009, le FBI  a indiqué que Las Vegas était l’une des villes américaines où la prostitution infantile était la plus répandue, avec plus de 900 mineurs de moins de 14 ans dans les rues.

Problème d’addiction

Par ailleurs, 5% des adolescents catalans ont un problème d’addiction avec les jeux d’argent. Une tendance en hausse après le passage de la pandémie. Construire un tel complexe avec 1200 machines, le plus grand d’Europe, présentera des dommages de santé mentale pour les populations à risque, estime le député de gauche radicale David Cid, opposant notoire du projet.

Soupçons de corruption

Le terrain où le Hardrock sera érigé appartient actuellement à la banque Caixa. Le gouvernement catalan a racheté cet espace pour une valeur de 120 millions d’euros. Pour ensuite le revendre au fond d’investissement HardRock. Ses détracteurs ne comprennent pas pourquoi l’argent public a servi à acquérir un terrain destiné à un projet commercial privé. Le parti d’extrême-gauche La Cup a saisi l’office anti-fraude de Catalogne qui a ouvert une enquête sur un possible détournement de fonds publics.

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