Amancio Ortega, l’homme le plus riche (et mystérieux) d’Espagne

Il a vécu plusieurs vies en une seule. De la pauvreté à la fortune renversante, en passant par l’anonymat puis la célébrité, Amancio Ortega est l’Espagnol le plus riche du monde. Portrait.

Avec une fortune estimée à 87 milliards de dollars, Forbes le classe à la quinzième place des personnes les plus riches du monde. Si en Europe il est devancé par Bernard Arnault et la famille Bettencourt seulement, le père de la fast fashion écrase de loin la concurrence espagnole. Désigné depuis des dizaines d’années comme l’homme le plus fortuné de son pays, il est le chef d’orchestre de l’empire Inditex.

Une success story à l’espagnole

Fils de cheminot, Amancio Ortega Gaona de son nom complet a connu une ascension sociale impressionnante. Dès l’âge de 13 ans, il quitte les bancs de l’école pour devenir coursier dans un magasin de textile, non par choix mais par nécessité, afin de subvenir aux besoins de sa famille. Il touche très tôt aux tissus en confectionnant des chemises chez un petit fabricant en Galice où il apprend à coudre, puis des pyjamas et des robes de chambre. L’élément déclencheur sera le pull Shetland, qu’il vend aux étudiants de Saint-Jacques-de-Compostelle à un prix bien inférieur à ce qui se faisait à l’époque. Cela devient un tel succès qu’il peut enfin ouvrir son propre magasin, qu’il nomme…Zara.

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On est en 1975 et la machine est lancée. En pariant sur un mode de production plus rapide et efficace, détournant le système de collections par saison, le jeune entrepreneur séduit les femmes et garçons à plus faibles revenus avec des produits accessibles.

En 1985, dix ans après l’ouverture du premier magasin Zara, il créé Inditex avec sa femme de l’époque, Rosalia Mera, deuxième personnalité la plus fortunée d’Espagne après lui. Ce poids lourd du textile a donc tout raflé. Distributeur incontournable de milieu de gamme, il est à la tête de marques comme Stradivarius, Massimo Dutti, Pull & Bear, Bershka, Lefties ou encore Oysho. Aujourd’hui, il possède plus de 6 000 boutiques à travers le monde et près de 1 300 marchés en ligne.

Un homme aussi discret que fortuné

Si les origines de cet empire sont désormais dévoilées, le public a très peu de détails sur la vie de ce puissant businessman. Jusqu’en 1999, personne ne connaissait son nom ni même son visage. Confortablement installé dans l’anonymat, il est forcé d’apparaître au grand jour afin d’introduire son entreprise à la Bourse de Madrid. Cette décision en vaudra finalement la peine car Inditex a connu sa meilleure évolution depuis ce jour-ci.

Mais l’octogénaire a gardé ses bons vieux réflexes. Aucune interview, sur quoi que ce soit et à qui que ce soit. Sauf pour le Times, en 2003, qui a réussi à détourner une conversation “volée”. En 2011, il prend officiellement sa retraite, mais reste actionnaire à hauteur de 59,3% de la société. Et certaines rumeurs disent que le fortuné serait encore très souvent dans les bureaux du siège, en Galice, pour conseiller (ou surveiller ?) sa fille, Marta Ortega Perez, qui lui a succédé il y a plus d’un an.

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Photo de presse – Marta Ortega Pérez et Amancio Ortega, Coruna, 2017. @Manuel Queimadelos

Mais à partir de 2018, Amancio Ortega se fait remarquer pour plusieurs controverses entachant sa réputation. Il est notamment pointé du doigt dans sa gestion de la production de ses vêtements, pour avoir recours au travail forcé des Ouïghours, minorité musulmane persécutée et détenue dans des camps en Chine. Inditex n’est pas la seule compagnie mise en cause. D’autres marques telles que Volkswagen, Nike ou encore Apple sont aussi concernées. Ces dénonciations font écho partout dans le monde.

Inditex, à travers Zara surtout, a désormais une image sociale, mais aussi environnementale, plus qu’entachée. Mais est-ce suffisant pour nuir à la fortune de ce géant du textile ?

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