En Espagne, le business des rendez-vous administratifs ne connaît pas la crise

Depuis la pandémie, les services administratifs espagnols sont plus saturés que jamais. Une faille qui a généré un tout nouveau business à Barcelone. 

La galère des rendez-vous administratifs est devenue la norme en Espagne, et en particulier dans les grandes villes. Les Français récemment arrivés le savent bien : obtenir le numéro d’identification d’étranger (NIE) se transforme vite en parcours du combattant, face à l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous. La solution la plus rapide et la plus simple ? Passer par une agence qui dégotte le Saint-Graal, mais accompagne aussi, le plus souvent, dans le montage du dossier administratif.

Car vendre la simple prise d’un rendez-vous gratuit n’est pas autorisé. Et pourtant, la pratique se généralise au grand jour. Sur les sites de petites annonces comme Wallapop ou Mil anuncios, ou sur les réseaux sociaux, il suffit de taper « cita seguridad social » (rendez-vous à la sécurité sociale) ou  « cita au SEPE » (pôle emploi) pour découvrir des dizaines de prestataires, souvent anonymes. Pour 15 à 60 euros, il est ainsi possible de décrocher un rendez-vous rapide dans une administration.

Le phénomène s’est accéléré lors de la pandémie, alors que les administrations ont cessé leurs rendez-vous présentiels et ainsi accumulé un nombre de demandes vite ingérables. Il s’est ensuite installé dans la durée, se nourrissant de lenteurs qu’il participait à provoquer.

Des robots pour prendre les rendez-vous

Mais céder à ces intermédiaires, qui certes simplifient la vie, alimente le problème. Car derrière ces « prestataires » se cachent souvent de plus grandes organisations qui bloquent des franges horaires entières pour les revendre, empêchant le simple quidam de se dégoter un rendez-vous. Ces réservations se font même parfois via des robots, selon le ministère de la Sécurité Sociale.

L’année dernière, la police a ainsi démantelé un réseau de 94 personnes, poursuivies pour organisation criminelle. Elles bloquaient d’innombrables rendez-vous aux services d’immigration pour les revendre entre 30 et 200 euros. Préempté par un robot qui envoyait sans cesse des requêtes, le site était souvent inaccessible aux utilisateurs, qui n’avaient d’autre choix que de recourir à ces « spécialistes ». Les personnes poursuivies opéraient à Barcelone, Madrid, Albacete, Alicante, Almería, Badajoz, Vizcaya, Burgos, Cádiz, Córdoba, Baléares, Marbella, Murcia, Tarragone, Tenerife, Tolède et Valence.

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