Pedro Sanchez : le Premier ministre fait-il un burn-out ou un coup politique ?

premier ministre espagne

La situation est surréaliste, burlesque et dramatique à la fois. Le Premier ministre de la quatrième puissance européenne annonce via un document PDF posté mercredi à 19h sur X (anciennement Twitter) qu’il réduit son activité politique pendant cinq jours et annule son agenda public de travail. Au terme de ces longues 120 heures, Pedro Sánchez révélera au public s’il se maintient au pouvoir ou s’il démissionne définitivement. 

Dans plus d’une entreprise, un certificat médical est pour le moins requis lors d’une absence soudaine et complète de cinq jours. De quoi souffre donc le Premier ministre ?

Dans sa « lettre aux citoyens » publiée mercredi soir sur Twitter, le chef du gouvernement explique que le fait que sa femme Begoña Gomez soit poursuivie dans une affaire de corruption et de détournement de fonds est une « opération de harcèlement et de démolition par terre, mer et air, pour tenter de l’affaiblir politiquement et personnellement en s’en prenant à son épouse ». Une attaque en provenance de la droite et de l’extrême-droite, selon Sanchez.

De fait, le Premier ministre continue sa missive en s’interrogeant à voix haute sur son avenir :  » À ce stade, la question que je me pose légitimement est la suivante : est-ce que tout cela en vaut la peine ? Sincèrement, je ne sais pas. Cette attaque est sans précédent, elle est si grave et si grossière que je dois m’arrêter et réfléchir avec ma femme. » Puis, Sanchez devient sentimental et mélancolique : « Nous oublions souvent que derrière les politiciens, il y a des gens. Et moi, je n’ai pas honte de le dire, je suis un homme profondément amoureux de ma femme qui vit impuissante avec la boue qu’on répand sur elle jour après jour. »

Le Premier ministre semble développer les symptômes d’un burn-out

« J’ai besoin de m’arrêter et de réfléchir. » insiste Pedro Sanchez. Se sentant harcelé, en proie à une tentative de démolition, ayant besoin de s’isoler et de réfléchir, le chef du gouvernement semble développer les symptômes d’un burn-out. Ses proches politiques le confirment en se répandant dans la presse : Pedro est très affecté que l’on s’en prenne à sa famille, il est bouleversé, sous le choc, toutes les lignes blanches ont été franchies. Il voulait même démissionner mercredi soir, son cercle intime l’ayant convaincu de repousser sa décision à lundi prochain, au terme des fameux cinq jours de réflexion.

Si en effet, le Premier ministre ne supporte plus le combat politique, certes cruel et sans pitié, il faut qu’il se retire lundi prochain. S’il ne le fait pas, on pourrait croire que le machiavélique socialiste a encore fait un coup fourré dont il est coutumier depuis qu’il est dans le jeu politique.

…Ou prépare un nouveau coup politique

Pedro Sanchez n’a-t-il pas dit en campagne électorale que « nommer des ministres de Podemos l’empêcherait de dormir comme tous les Espagnols, car ça sera la ruine du pays », pour quelques semaines plus tard offrir à ce parti quatre ministères et la vice-présidence de son gouvernement ? Pedro Sanchez n’a-t-il pas dit en campagne électorale qu’il ferait traduire devant la justice Carles Puigdemont pour qu’il réponde de sa déclaration illégale d’indépendance de la Catalogne, pour quelques mois plus tard pactiser un accord de gouvernement avec le même Puigdemont ?

Les voltes-faces de Sanchez sont légion. A-t-il osé mettre en scène une fausse démission pour sentimentaliser son électorat  à la veille des cruciales élections catalanes et du scrutin des européennes en juin ? L’avenir proche nous le dira. Cependant, sa lettre pose question. Pedro Sanchez accuse le pure player El Confidencial d’ultra-conservatisme d’extrême-droite, car celui-ci est à l’origine de la publication de l’affaire de corruption de son épouse. Un média pas forcément connu pour être d’obédience fasciste comme le prétend le chef du gouvernement, qui en profite au passage pour refuser de donner le moindre argument factuel pour défendre sa femme dans cette affaire de corruption. Attaquer de cette manière un titre de presse fait immanquablement songer aux comportements de Donald Trump ou aux dirigeants autoritaires en Amérique Latine.

La démarche de Pedro Sanchez utilise un vocabulaire et une dialectique sentimentale qui provoque la polarisation. D’un côté « la combinaison de la droite et de l’extrême droite organisée en constellation et galaxie avec des médias ultra-conservateurs » pour reprendre les mots du Premier ministre. Qui plus loin ajoutera l’opposition dans cette « fachophére »rejetant ainsi son caractère démocratique. Et de l’autre côté de cet échiquier : Pedro et sa femme Begoña.

Si le chef du gouvernement ne cherche pas à organiser un plébiscite autour de sa figure politique, ça y ressemble fortement.

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