America’s Cup, Open de tennis, Formule 1 : pourquoi tout se joue à Barcelone

Depuis ses Jeux Olympiques en 1992, Barcelone est un haut lieu des compétitions sportives internationales. Pour l’amour du jeu, mais pas que. Car qui dit grande compétition dit gros bénéfices, et la mairie catalane l’a bien compris.

Photo de couverture : banque d’images de la mairie de Barcelone – Ceci Fimia

Pierre de Coubertin disait que l’important, c’est de participer. Et si, en réalité lorsqu’on parle de sport, l’ important, c’est d’organiser ? Si 2024 est l’année olympique parisienne, Barcelone a encore l’esprit de compétition et ne compte pas rester dans l’ombre de sa voisine. Entre une course de F1 en plein centre-ville, l’Open de Tennis et l’America’s Cup, la cité comtale a positionné ses meilleurs équipes sur la ligne de départ. Des Jeux Olympiques de 1992 à l’organisation de la plus ancienne compétition sportive internationale en 2024, zoom sur une ville qui vise l’or, et repart toujours avec.

C’était une des promesses de campagne de Jaume Collboni. Faire du sport une priorité de la ville et organiser au moins un événement sportif de grande envergure par an, « qui laisse un héritage durable ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est chose faite. Le début de son mandat fut marqué, en 2023, par la Vuelta – l’équivalent espagnol du Tour de France – dont le départ a été donné à Barcelone pour la première fois depuis plus de 60 ans. Côté tennis, l’Open Banc Sabadell, disputé tout récemment, a fait bénéficier à la cité catalane environ 50 millions d’euros, malgré la blessure de son champion Rafael Nadal.

Une somme colossale et un rayonnement international qu’aimerait renouveler Jaume Collboni, en attirant de son côté des Pyrénées les fans de cyclisme mondial. Le maire socialiste l’a dit et répété, il veut que le départ du mythique Tour de France 2026 soit donné dans sa ville. Frustration de voir le départ 2024 s’effectuer depuis Bilbao ou regret que Barcelone n’ait été ville-étape du Tour que trois fois (en 1957, 1965 et 2009) ?

America’s Cup : un impact économique gargantuesque

En attendant 2026 et cette échéance importante- toujours en négociation- le grand projet de cette année, c’est bien évidemment l’America’s Cup, la plus importante compétition internationale de voile. Avec l’organisation de cet événement, Barcelone entre dans l’histoire et complète un grand chelem inédit : accueillir les trois grands événements sportifs ayant la plus grande projection internationale (la Coupe du monde de football, les Jeux Olympiques et maintenant l’America’s Cup).

Inaugurée le 22 août 2024, cette course devrait, selon les estimations, créer 19 000 emplois et générer un peu plus d’1 milliard d’euros. Coût de l’opération ? 70 millions d’euros, ce qui assure un bénéfice conséquent à l’ensemble de la Catalogne. Mais ces 70 millions investis ne sont pas du seul fait de la mairie, malgré toute la bonne volonté de Jaume Collboni.

C’est ensemble que la Generalitat, le Gouvernement espagnol et la mairie ont rassemblé 50 millions d’euros. Le reste de la somme a été apportée par des mécènes privés, en partie convaincus de participer par le lobby de grands entrepreneurs Barcelona Global, nous explique Esther Grávalos, directrice de communication : « Nous sommes une association privée et nous avons mis en contact avec l’America’s Cup un ensemble d’individus désireux de soutenir cet événement ».

america's cup barcelone

Photo : bateau français de l’America’s Cup

La participation de ces entrepreneurs s’appuie sur une relation de confiance avec la ville, mais surtout sur l’assurance de faire fructifier ses dons. Car c’est bien là la spécificité de Barcelone. Depuis les Jeux Olympiques de 1992, la ville est parfaite pour les projets sportifs. Elle est en effet fortement pourvue en infrastructures sportives et extrêmement attractive, étant idéalement située au coeur de l’Europe : elle n’a besoin ni de faire de travaux pour s’adapter aux grandes compétitions, ni de se plier en quatre pour attirer les touristes. La ville ressort donc à chaque fois largement bénéficiaire de ce genre d’événements, et ceux qui les financent aussi.

Écologie, la grande oubliée

Mais la pratique de certains sports a tout de même un coût, notamment pour la planète. Depuis 1991, le Grand Prix d’Espagne de Formule 1 a lieu dans la cité comtale, mais la donne va changer car c’est Madrid qui prendra la relève en 2026, et ce jusqu’en 2035. Un revirement de situation qui ne plaît pas tellement à Jaume Collboni. Il a donc décidé d’organiser un show de démonstration de course automobile en plein coeur de Barcelone pour prouver une bonne fois pour toutes que l’identité de la F1, c’est Barcelone.

Ce projet, d’une envergure exceptionnelle, devrait avoir lieu à la fin du mois de juin et causera bien sûr des dégradations sonores et environnementales désastreuses. Cette démonstration de force ronronnante ne plaît pas à tout le monde, à commencer par les riverains. Dans un communiqué, la Fédération des associations de voisins de Barcelone a dénoncé cette décision, qui va selon eux à l’encontre du bien commun :

« Nous pensons qu’une fois de plus, certaines élites et lobbies ont réussi à imposer leurs propres intérêts et leurs lubies au-dessus des besoins de la ville. […] Ce sont les mêmes qui pensent que la ville doit être gérée comme une compétition sportive, en concurrence avec d’autres villes, et non comme une communauté qui garantit une vie digne, juste, saine et participative à tous ses habitants ».

Espérons que le bruit des moteurs n’empêche pas le maire d’entendre les plaintes de ses électeurs.

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