Fini, le temps où on abandonnait son confort en allant en auberge de jeunesse. Désormais, les établissements proposent soirées, visites guidées et activités en tous genres. Une surenchère inédite à Barcelone. Reportage.
Photo de couverture : St Christopher’s Inn
11h. C’est l’heure de pointe au St Christopher’s Inn de Barcelone. Autour du comptoir principal se pressent des touristes partant ou arrivant tout juste, tous entre 20 et 35 ans, d’origines diverses, sacs à dos sur l’épaule ou non, déjà bronzés ou rouge tomate, en groupe, seuls, parlant anglais, français, espagnol ou italien. Au-dessus du comptoir, un grand panneau affiche les divertissements de la semaine : « Paella night », « Wine and cheese », « DJ set »… C’est à se demander si on est dans une auberge de jeunesse ou un club de vacances.
Dans la foule, il y en a aussi qui attendent le début de leur activité. C’est le cas de Teresa, une allemande de 24 ans. Si elle a choisi de dormir en hostel à Barcelone, dans un dortoir de 8 filles, c’est pour « montrer ce qu’est la vie en auberge à [sa] petite soeur ». Les deux blondes se trouvent très bien dans cet établissemnt central, à deux pas de la Plaza Catalunya et peu cher, moins de 60 euros la nuit. Mais ce qui les a vraiment attirées, ce sont les activités, comme le tour guidé de la ville à pied, qui commence d’ailleurs dans cinq minutes.
Une surenchère d’activités pour se démarquer
Selon l’Observatoire de tourisme de Barcelone, en 2022, 8% des touristes choisissaient un séjour en auberge de jeunesse, quand 60% d’entre eux se rendaient dans un hôtel. Une différence surprenante quand on sait que le prix de la nuit d’hôtel équivaut au double de celui d’une nuit en auberge.
Autrefois seulement vu comme un dortoir, un bon hostel est désormais celui qui propose, en plus du prix et de la localisation, une expérience de communauté pour des jeunes gens en quête d’aventure. Afin de séduire cette nouvelle génération de backpackers qui réclame à la fois le confort et le divertissement, les auberges proposent toutes des activités, à l’instar du St Christopher’s Inn : tables de billard, de ping-pongs, visites guidées, soirées à thèmes.. Toute une panoplie qui vise à rassembler une communauté autour de l’établissement, et à terme, à se démarquer.
Le Kabul Party Hostel, idéalement situé sur la Plaça Reial, a fait le choix de miser sur une valeur sûre : l’amour pour la fête des touristes. L’endroit à l’architecture design est doté d’un rooftop et d’un lobby qui se transforme en bar le soir, avec soirées, musique et jeux d’alcool (beerpong, entre autres) jusqu’à 2h du matin.
Photo : Kabul Party Hostel
C’est d’ailleurs dans ce lobby que l’on rencontre José, un Portugais de 22 ans arrivé la nuit précédente dans la cité catalane. Pour choisir cette auberge, le jeune homme brun à la coupe mulet, qui voyage solo, a fait attention à son budget :
« Ce que j’ai regardé c’est d’abord le prix. Ici ce n’est vraiment pas cher, 39 euros la nuit. Le côté « party », je ne l’avais même pas vu avant d’arriver, mais c’est vrai que c’est super, ça m’a permis de rencontrer des gens dès mon arrivée hier soir ».
Les auberges moins festives ont moins la cote
A quelques mètres de là, le Ideal Youth Hostel, proche de la Rambla, mise sur une ambiance familiale et offre moins d’événements, outre les traditionnels tours, les offres de petits-déjeuners et l’éternelle table de billard. Une technique qui fonctionne visiblement moins bien que la promotion de la fête. Nuria, réceptionniste espagnole de 25 ans dans cette petite auberge de 32 chambres nous confie n’être remplie qu’à 60%, tandis que le Kabul est presque plein.
Mais tout le monde ne peut pas miser sur la fête. D’autres ont choisi de capitaliser sur des groupes en particulier, comme l’Hostelle, une auberge située à Nou Barris et réservée aux femmes, ou le Sleep Green Hostel, un établissement certifié EU Ecolabel qui promet un tourisme durable.