Selon plusieurs classements mondiaux, et notamment celui d’InterNations et Forbes, Valence est la meilleure destination mondiale pour les candidats à l’expatriation. Rencontre avec des Français qui y ont trouvé leur petit paradis.
Photos : Unsplash et AC/Equinox
Un dimanche ensoleillé du mois de février, vers 10h30. A la terrasse d’un café au centre de L’Eliana, bourgade bourgeoise de 20.000 habitants au nord de Valence, un dynamique quinquagénaire plaisante bruyamment avec le serveur. A part son très léger accent français, rien ne différencie Cédric de ses voisins de table locaux.
Et pourtant, s’installer à Valence, ou même en Espagne, ne faisait pas du tout partie de son plan de vie. Il y est arrivé en 2015, avec femme et enfants, « pour vivre une première expatriation en attendant le visa pour le Canada ». Puis le printemps est arrivé et la famille n’avait plus aucune envie de partir pour de froides contrées. « Il y a un confort de vie que je n’ai jamais eu à Lille ». Le climat bien sûr le retient sur place, mais aussi « la décontraction dans la façon dont les gens vivent ».
Cédric et sa compagne espagnole Amparo
Les débuts n’ont toutefois pas été faciles. Apprendre une langue à plus de 40 ans, manger à 14h et 22h, vivre au rythme des traditions locales…« Il faut accepter les règles du jeu, c’est à nous de nous adapter ». Et l’agent immobilier a fait des efforts, s’est lancé des défis, comme celui, un soir avec sa femme, de ne pas ressortir d’un bar sans le numéro de téléphone d’un local. « Nous avons fini la soirée à 3 heures du matin, en train de discuter avec plein de gens du coin ! ». Et c’est cette vie-là qu’il aime, celle qui se fait dehors, où le contact est facile et jovial, où il y a toujours quelque chose à faire, même en semaine après 21h. Le Lillois s’est rapidement composé un cercle d’amis, s’appuyant aussi sur les quelques Français sur place, qui lui ont présenté leurs amis et connaissances. « Entre étrangers, une relation de confiance se crée plus facilement, ça aide à développer le réseau ».
La qualité de vie et la sécurité, plébiscitées par les expatriés
Arrivée d’Avignon il y a 9 ans, Cécile, elle, préfère éviter les Français. « Ils se plaignent tout le temps », plaisante cette assistante commerciale de 44 ans. L’intégration fut pour elle aussi un challenge, même si elle connaissait déjà bien la région. Une partie de la famille de son mari, originaire de Valence, y vivait déjà et le couple possédait une résidence secondaire dans un petit village tout proche. C’est là qu’ils habitent désormais avec leurs deux filles.
« C’est compliqué d’arriver à s’intégrer car les Espagnols, surtout dans les villages, vivent avec leur cercle fermé, principalement leur famille, et ils ne s’invitent pas les uns chez les autres ». Avec les années, Cécile a réussi à se faire des amis et assure n’avoir « aucun regret ». D’ailleurs, elle revient très peu en France, et préfère recevoir ses amis chez elle. « La qualité de vie est très différente, et nous sommes moins impactés par l’insécurité, je ne m’inquiète pas quand mes filles de 16 et 18 ans vont seules au centre de Valence ».
Et ce sont principalement ces deux aspects, la qualité de vie et la sécurité, qui propulsent la ville en tête des destinations préférées des expatriés selon InterNations. « Valence est comme un grand village et les Valenciens sont accueillants », explique Cédric. « On ne s’y sent pas comme dans une grande ville, c’est agréable », confirme sa compatriote. Le coût de la vie reste aussi un atout, même si l’augmentation du prix des logements n’a pas épargné la région, tout comme la très forte inflation observée depuis trois ans en Espagne « Mais même avec des salaires moins importants qu’en France, la vie reste moins chère », poursuit l’Avignonnaise.
Tous deux en tous cas, comme nombre de leurs compatriotes, n’ont aucun projet de retour. « Je ne partirai jamais, pourquoi voulez-vous que je retourne en France ? », demande Cédric. Bientôt, sa nouvelle compagne, Valencienne, vient le rejoindre en terrasse. Puis son fils, arrivé ici à l’âge de 15 ans et aujourd’hui accompagné de son petit garçon qui vient embrasser son grand-père. Il est bientôt midi, le bar-restaurant se remplit et les cris des enfants raisonnent sur la place adjacente. Un dimanche méditerranéen que n’échangeraient pour rien au monde des milliers d’expatriés qui viennent chaque année s’installer à Valence.