À Barcelone, planter des arbres sauve des vies

La question de la végétalisation est désormais centrale dans n’importe quelle ville, et Barcelone n’y échappe pas. Un rapport récent établit même que plus d’espaces verts permettrait de sauver des vies.

Photo : mairie de Barcelone

À l’instar de Paris, ville de plus en plus verte, Barcelone pourrait bien tenir entre ses branches une clé pour sauver des vies. Littéralement. Selon un rapport de l’Institut de Santé Globale de Barcelone (ISGlobal), si le projet des Ejes Verdes – ces corridors végétaux censés verdir une rue sur trois – avait été mené à bien, la ville aurait pu éviter 178 morts prématurées chaque année. Pas des chiffres théoriques : des vies humaines.

Ce projet, initié sous l’ère Colau, s’était fixé une ambition presque utopique : transformer l’espace urbain en îlots de fraîcheur, réduisant pollution, bruit, stress et inégalités. Mais comme souvent, la politique s’est emmêlée. Depuis le changement de municipalité, le projet est en suspens et ne parait pas pressé de voir le jour.

Et pourtant, les résultats du rapport sont formels : même une augmentation modeste de 3,64 % des zones vertes – soit le plan original de Ejes Verdes – suffirait à produire un impact majeur sur la santé publique.

Respirer ou conduire, il faudra choisir

Derrière cette promesse verte, un vieux combat : celui entre l’espace public et la voiture. Retirer du bitume au profit d’arbres n’est pas une décision neutre. Cela dérange et déclenche des levées de boucliers – souvent orchestrées par les lobbies de l’automobile, redoutables en capacité de nuisance. « Enlever les voitures privées des rues a toujours suscité des résistances de la part du soi-disant lobby de l’automobile, qui, avec une grande influence médiatique, essaie de créer des fantasmes autour du chaos engendré par ces mesures », observe Tamara Iungman, chercheuse et coauteure de l’étude pour El Confidencial.

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Des arguments peu convaincants car au-delà de l’esthétique, plus de vert signifie une meilleure qualité de vie. Moins de bruit, plus d’ombre, un air respirable. Et même une amélioration de la santé mentale. Mais pour Iungman, le problème d’une partie des résistances vient d’un simple défaut d’information. On s’oppose à ce qu’on ne comprend pas.

Et pourtant, Barcelone sait faire. La preuve ? Le modèle des Superillas, salué à l’international, ou encore l’annonce récente d’un plan de reboisement : 7 500 arbres plantés d’ici fin 2025, pour compenser les 2 000 perdus pendant la sécheresse.

La vraie question, posée par l’étude de l’ISGlobal, est simple : à quoi ressemblerait une ville pensée pour les vivants ? Une ville qui ne laisse pas ses habitants mourir prématurément à cause d’un manque de feuillage ? Une ville qui, face au dérèglement climatique, choisit l’ombre des platanes plutôt que le bruit des moteurs ? Autant de questions auxquelles Barcelone ne sait pour l’instant pas répondre.

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