Il y a toujours une odeur de soufre autour des décisions, des annonces ou des mesures du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez. Les obsèques autour du Pape ouvrent une nouvelle polémique dans le pays.
C’est quasiment le seul chef de gouvernement dans le monde occidental qui ne se rendra pas ce samedi à Rome pour assister aux funérailles officielles du Pape François. Ce qui décante une polémique au sein du monde catholique, abondamment relayé par la presse conservatrice madrilène. « Les gestes comptent, peut-être plus que jamais. Et en diplomatie, ils ont toujours été aussi importants – voire plus – que les mots. La décision du président du gouvernement, Pedro Sánchez, de ne pas assister aux funérailles du pape n’a pas, hors d’Espagne, la même portée que celle qu’on lui attribue dans les analyses nationales », écrit dans un édito le journal de droite La Razón.
La question à 1000 euros : pourquoi Sanchez ne fait-il pas le voyage ? À première vue, l’on pourrait opter pour une raison d’image politique. L’Espagne possède le gouvernement le plus à gauche d’Europe avec une coalition socialiste-extrême gauche. La thèse ne tient pas, car Pedro Sánchez a ordonné un deuil national de trois jours dès l’annonce du décès du souverain pontife. Par ailleurs, la numéro deux du gouvernement, la communiste Yolanda Díaz sera présente pour les funérailles ce samedi à Rome.
Relations tendues
La thèse selon laquelle le Premier ministre souffrirait d’un problème de couple avec son épouse Begoña ne tient pas non plus la route une seconde. En revanche, une forte tension avec la Maison royale semble plus que plausible. Les monarques espagnols Felipe et Letizia représenteront l’Espagne. Rien d’anormal en de telles circonstances que le chef de l’État soit le plus visible, explique en substance un communiqué de presse du ministère des Affaires Étrangères. Soit, mais généralement, dans les grands événements, le chef de l’exécutif et les ministres principaux accompagnent la délégation espagnole.
C’était d’ailleurs le cas, et ici se trouve probablement le nœud gordien de l’affaire, lorsque les institutions espagnoles sont venues apporter leur soutient aux habitants de Valence après les terribles inondations. Le 3 novembre, Pedro Sánchez et le couple royal ont été accueillis par des insultes et des projectiles. Les habitants furieux de la gestion dramatique des inondations par les autorités ont laissé éclater leur colère. De manière lâche et fort peu élégante, le Premier ministre s’est rapidement réfugié dans sa voiture de fonction pour quitter les lieux en quatrième vitesse. Laissant, alors, les monarques, et notamment la Reine, en pleurs, couverte de boue par les riverains impossible à calmer.
Il semblerait que cette absence de sens de l’État et de goujaterie du Premier ministre ait laissé des traces au sein de la relation entre la Maison royale et le gouvernement. Dans un incroyable imbroglio, ni les Monarques, ni Pedro Sánchez n’étaient présents lors de l’inauguration de Notre-Dame de Paris, le 7 décembre, un mois après les faits. Une absence qui a choqué l’Élysée et les commentateurs internationaux. Sur le Parvis Saint-Pierre à Rome, de toute façon, « Pedro Sánchez ne nous manquera pas » peut-on lire dans l’ABC, journal relais des positions de la Maison royale.
Lire aussi : Un cardinal franco-espagnol bien placé pour devenir Pape