Selon l’enquête mondiale d’Ipsos, l’Espagne est le pays où les gens satisfaits de leur vie ont le plus augmenté au cours de la dernière décennie. Radiographie d’un pays qui a su trouver son bonheur.
Photo : Ajuntament de Barcelona
72% des Espagnols se déclarent heureux en 2025, dont 15% très heureux. C’est 11 points de plus qu’en 2011, la plus forte progression du monde. Mais qu’est-ce qui rend les Ibériques si contents ? « La famille », répondent en choeur Adrià et Ariadna, qui tiennent pour la Sant Jordi un stand de roses et d’artisanat dans une rue piétonne de Barcelone. « Ils ont toujours été là pour moi, en particulier quand j’ai vécu des choses très difficiles », explique le pharmacien de 32 ans. « On a toujours fait des choses en famille, renchérit sa compagne, doctorante en biologie, d’ailleurs, là nous sommes en train de vendre des petites choses artisanales faites par ma mère pour l’aider ».
Ni la plage, ni le climat, ni les tapas. La famille, c’est ce qui rend heureux plus de la moitié des Espagnols selon la dernière enquête Ipsos. Et les amis n’arrivent pas loin derrière. « Il existe en Espagne une forte cohésion socio-familiale, observe Agathe Fourgnaud, psychothérapeute française à Barcelone, on ne parle pas forcément de choses intimes mais on passe très souvent du temps ensemble, il y a plus de rites, plus de repères ».
Un mode de vie qui rend heureux puisqu’il évite l’isolement, à toute époque de la vie. « C’est un schéma renforcé par les nombreux immigrés sud-américains, qui sont eux aussi toujours les uns avec les autres, et apportent une énergie, une ouverture, notamment à Barcelone ». Et se sentir aimé et entouré, c’est la clé du bonheur selon les personnes interrogées par Ipsos à travers la planète. « Je sais que ma famille sera toujours là pour moi,, et même s’ils vivent en Galice, on s’appelle régulièrement », assure Adrià.
« Les Espagnols sont aussi plus pragmatiques, plus satisfaits de leur sort et moins assistés, poursuit Agathe Fourgnaud, ils s’appuient donc davantage sur leurs propres ressources, personnelles et familiales ». Et ils sont contents de leur vie malgré des revenus moyens 25% inférieurs à ceux des Français. Car l’argent ne fait vraiment pas le bonheur et pour preuve : les Indiens sont les plus heureux du monde en 2025, alors qu’ils gagnent 15 fois moins que les Espagnols.
L’importance de la santé mentale
Si la sécurité émotionnelle constitue un pilier de la société espagnole, la santé mentale arrive en deuxième position, juste après la famille, alors qu’elle arrive en 7e position chez les Français, après les relations de couple et le logement. « L’Espagne a pris de l’avance ces dernières années, confirme notre psychothérapeuthe, il y a toute une nouvelle génération très bien formée en santé mentale, même si le système public est encore un peu rigide sur le sujet ».
Le gouvernement espagnol en a même fait une priorité sanitaire. Le Plan d’Action de Santé Mentale 2025-2027 prévoit de renforcer les effectifs de spécialistes, d’améliorer l’accès aux soins et de moderniser les services d’urgence. Il comprend aussi des campagnes de sensibilisation sur la santé mentale et l’usage des psychotropes, ainsi que des initiatives spécifiques pour les populations vulnérables. Des initiatives qui devraient, au moins, conscientiser encore davantage sur le sujet, pour prendre soin de son bonheur et celui de ses proches.