Barcelone sans électricité, ce n’est pas rien. Au travail, dans la rue ou chez soi, le blackout généralisé a surpris tout le monde. Enfin certains plus que d’autres. Témoignages.
Photos : Equinox
« On nous a dit qu’on pouvait partir en restant à côté de notre téléphone et de notre ordinateur, pour travailler quand ça refonctionnerait », raconte Charlotte (le prénom a été changé), Française de Barcelone depuis 2 ans. Celle qui travaille auprès d’ONG nous fait le récit d’une journée particulière, mais qu’elle a plutôt bien vécu, à l’instar de la majorité des Barcelonais.
Comme elle, un grand nombre d’Espagnols, Portugais et Français affectés par le blackout étaient au beau milieu de leur journée de travail quand la panne a eu lieu. Et comme elle, une grande partie des travailleurs utilisent internet et leur ordinateur pour bosser.
À 12h30, faute d’outils de travail fonctionnels, Charlotte et ses collègues ont donc été libérés. Pour passer le temps, la jeune femme est allée du côté du parc de la Ciutadella pour profiter un peu de ce moment de répit : « C’était blindé, on voulait boire un verre après mais on ne pouvait pas car c’était seulement en cash, et on n’en n’avait pas : c’était lunaire. »
Lunaire, mais pas désagréable, raconte celle qui s’est ensuite réfugiée sur son toit-terrasse pour boire des bières « encore fraîches du frigo ». Une mentalité tranquille vraisemblablement partagée par les Barcelonais, que l’on a vus en terrasse profiter du soleil durant toute la durée du blackout.
Lire aussi : Comment Barcelone vit le blackout
La proposition rooftop a aussi séduit Lucas (le prénom a été changé), un ami de Charlotte. Mais impossible de se téléphoner, alors « comme quand on avait 12 ans, il a sonné », raconte encore la jeune femme.
Le jeune homme, arrivé il y a plus d’un an dans la cité comtale, travaille dans un énorme immeuble du centre de la ville et ce n’est pas le manque d’électricité qui l’a forcé à quitter l’édifice. C’est autre chose d’un peu plus insolite, nous raconte-t-il : « Chez nous, il y a eu une coupure 5 minutes, mais comme ils ont un groupe électrogène tout est revenu assez vite. Sauf qu’on n’avait pas d’eau, pas de micro-ondes et rien n’était ouvert autour de nous. Et je ne sais pas trop pourquoi mais on n’avait pas d’eau dans les toilettes, donc impossible de tirer la chasse. Le truc c’est qu’on est une centaine sur l’étage, donc légalement ils nous ont laissés partir pour des questions d’hygiène. » Une raison pour le moins cocasse, qui a conduit Lucas à quitter son poste sur les coups de 15h30, pour rejoindre son amie et passer un lundi finalement plutôt agréable.
Une journée d’inquiétude
De son côté, Giovanni, Italien expatrié à Barcelone depuis 7 mois, a vécu une autre aventure. Alors qu’il faisait de la musique dans un studio de Poblenou, tout s’est arrêté. Vite mis au courant de la situation par les personnes qui travaillent à ses côtés, il décide d’aller à la plage, « mais pas habillé pour ».
Puis une certaine inquiétude s’empare de lui et il rejoint sa colocataire dans leur appartement de l’Eixample. Les deux amis décident alors d’aller faire des « courses de survie, au cas où ». De l’eau, des pâtes… De quoi tenir 48h. Une précaution obsolète, qui rappelle les plus sombres heures du confinement.
Bien sûr, la réalité de Charlotte, Lucas et Giovanni est privilégiée. Ailleurs en Espagne, la coupure de courant a engendré des problématiques sanitaires, sociales et économiques, à tel point que Madrid, l’Estrémadure et l’Andalousie ont demandé le niveau d’urgence 3.
On parle de bouchons géants, de personnes coincées dans des métros… Mais le pire est passé, assure le gouvernement. Et Pedro Sánchez de rappeler certaines mesures préventives dans son allocution de fin d’après-midi : « Il faut réduire les mobilisations et l’utilisation des téléphones portables, et n’écouter que les informations officielles pour éviter les fake news. »
Les infos en temps réel sur la panne de courant en cliquant ici