Suite à la panne d’électricité qui a plongé l’Espagne dans le noir hier, les transports ferroviaires reprennent lentement du service. Reportage à Sants, la principale gare de Barcelone.
Assise par terre avec deux collègues et des sandwichs, Anna, la trentaine, préfère attendre dans la bonne humeur. « Nous devions partir à Madrid pour le travail, mais nous n’avons aucune information sur notre train, je sais qu’ils replacent des gens qui n’ont pas eu leur train hier dans des trajets aujourd’hui, mais bon, c’est un peu chaotique ». En effet, les agents de la Renfe présents sur place sont peu nombreux pour répondre aux questions des milliers de voyageurs sur place.
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Certains ont dormi ici ou dans un gymnase mis à disposition par la mairie. « Il y a des gens qui sont là depuis très longtemps, tu sens la fatigue », ajoute la jeune femme. Sur le parvis, des camions de la Croix-Rouge viennent distribuer de quoi boire et manger. « C’est pour les voyageurs qui en ont besoin, certains sont là depuis hier », explique une bénévole. Paco, la petite cinquantaine, est arrivé il y a près de 5 heures, pour tenter d’aller en Andalousie. « Mon train a été annulé, mais je n’ai aucune information, ça fait deux heures que je fais la queue pour accéder à un guichet et avoir des informations, mais ils n’ont même pas ouvert tous les guichets, alors qu’ils pouvaient se douter qu’il y aurait du monde aujourd’hui ».
Quelques guichets ouverts, quelques employés de la Renfe dispersés dans la gare et quelques furtives annonces au mégaphone, l’information est pour le moins rationnée. Au point que les cinq agents de la police municipale dépêchés sur place sont bien forcés de prêter main forte et de renseigner les voyageurs qui ne cessent de les assailler de questions.
« On ne sait rien »
« On ne sait rien et en plus, personne ne parle anglais », se plaint une jeune touriste canadienne qui cherche à regagner Madrid pour prendre son vol. « On ne sait pas si notre train pour Sète est maintenu cet après-midi et on ne sait pas à qui demander », explique un couple de retraités français venus quelques jours pour voir leur fille qui vit à Barcelone.
Peu d’informations mais surtout aucune alternative proposée aux voyageurs. « Ils auraient pu mettre des autocars par exemple, ou proposer des alternatives », s’exclame Paco. Car même pour les trajets courts, et notamment les trains de banlieue (rodalies) complètement à l’arrêt, aucune solution de secours n’a été mise en place par les autorités. Alors, comme toujours, c’est la débrouille. Beaucoup ont opté pour le covoiturage, ou se sont fait emmener d’un point à l’autre par des proches.
Mia* était chez une amie à Terrassa hier et devait rentrer le soir-même à Barcelone. « Mais il n’y avait plus de rodalies et on nous déconseillait de prendre la route, à cause des feux de signalisation qui ne fonctionnaient pas et des bouchons, raconte-t-elle, mon amie m’a donc ramenée en voiture ce matin, et nous sommes parties après 10h pour éviter les embouteillages ».
Mais beaucoup, surtout pour les longues distances, n’ont pas d’autre choix que de patienter. Les trajets reprennent peu à peu et la gare est un peu moins pleine qu’il y a une heure. « Si ça tarde un peu trop, j’irai manger en terrasse dans le quartier », se rassure Paco. Car aujourd’hui, mieux vaut prendre prendre son mal en patience, et le faire au soleil
*le prénom a été changé