Quand le courant ne circule plus, l’argent et les personnes non plus. Conséquence : un pic économique négatif pour l’Espagne après le black-out de ce lundi.
4,5 milliards. C’est le volume moyen journalier que l’Espagne produit. Commerces fermés, industries à l’arrêt et bureaux sans activité vont avoir pour l’Espagne une conclusion économique relativement sévère. Dans les faits, il convient d’examiner chaque secteur et domaine pour tenter de sortir le chiffre final des dommages causés par la panne de courant nationale.
L’Espagne n’a pas perdu une journée entière d’activité, mais seulement la moitié, la coupure ayant eu lieu à midi trente. Pour simplifier, cela représenterait une perte d’environ 2,25 milliards d’euros, soit la moitié de la production économique d’une journée classique, ce qui correspond à une baisse estimée entre 0,1 et 0,2 % de croissance. Un impact significatif, alors que l’Espagne se distingue depuis un an par son record mondial de croissance.
Les indépendants et l’industrie parmi les grands perdants de la journée
L’association des travailleurs indépendants a avancé une première estimation : approximativement 1,3 milliard d’euros de pertes pour les autonomos « avec un impact particulièrement fort sur l’hôtellerie-restauration et le commerce ». Un chiffre qui sera affiné après évaluation des marchandises perdues.
Autres victimes : les grandes entreprises industrielles se sont retrouvées à l’arrêt en raison du manque d’alimentation ou de l’activation des protocoles de sécurité. C’est notamment le cas de l’usine Seat à Martorell, du complexe industriel pétrochimique de Tarragone, de l’usine Ford d’Almussafes prés de Valence, la raffinerie de Repsol à La Corogne et Petronor, au Pays basque. Celsa (la plus grande entreprise sidérurgique d’Espagne) et ArcelorMittal ont également stoppé leurs machines.
La grande distribution et les plus petits supermarchés ont pareillement perdu leurs caisses en baissant leur rideau, se retrouvant totalement dans le noir. Seuls le frais et le congelé ont été protégés par des groupes électrogènes, explique un directeur de la chaine catalane Keisy.
Les assureurs sont dans la tourmente. La coupure d’électricité pourrait entraîner jusqu’à 300 millions d’euros de pertes pour le secteur, selon l’agence de notation DBRS. Dans un communiqué, elle précise que les pertes économiques totales seront « plusieurs fois supérieures » à ces estimations, ce qui pourrait faire grimper la facture de la coupure au-delà du milliard d‘euros.
En revanche, d’autres secteurs ont été moins impactés comme les transports et de la logistique. Le trafic portuaire fonctionne normalement et la zone n’a pas été affectée, a assuré le Premier ministre Pedro Sánchez lors d’une déclaration officielle.
Lecture positiviste
Le département Research de la banque espagnole BBVA se distingue par une vision plutôt optimiste de la chose. « Si l’on suppose que 50 % de la capacité productive quotidienne a été interrompue, et que 75 % à 95 % de cette activité pourra être récupérée dans les prochains jours, l’effet estimé sur la croissance du PIB d’avril serait compris entre 0,1 et 0,2 point de pourcentage », expliquent ses analystes.
« Contrairement à d’autres événements comme une crise sanitaire ou une catastrophe naturelle prolongée, dans le cas d’une coupure de quelques heures, une partie de la production ou des transactions affectées peut être reprogrammée. Tout ce qui est perdu sur le moment ne se traduit pas nécessairement par une perte définitive de PIB », souligne le rapport.
