C’est de notoriété publique : en Espagne, on mange tard, on rit fort, et la ponctualité est un concept fluctuant qui semble répondre à de mystérieuses lois où le faux plan est roi.
Photos : Equinox
Et Barcelone ne fait pas exception à la règle. Ne pas se pointer à un rendez-vous, (ou alors avec 37 minutes de retard et une absence totale de culpabilité) semble être une norme sociale parfaitement acceptée. Alors oui, c’est très énervant, mais pour garder sa sérénité intérieure (et son groupe d’amis), voici quelques conseils pour détecter un lapin, s’en accommoder et s’organiser pour éviter les frustrations.
« Je suis en chemin » : le plus gros mensonge de la ville
Ceux qui vivent ici depuis plus de trois mois ont probablement déjà reçu ce grand classique à 18h30 pour un rendez-vous prévu à 18h. Ici, être « à l’heure » signifie arriver avec 15 minutes de retard minimum, et être « en retard » commence à partir de 45 minutes. Alors on s’en accommode, on vient avec un quart d’heure de politesse en plus, ou, pour ceux qui sont ponctuels comme des rois, on prévoit un livre, un sudoku ou n’importe quelle activité pour patienter au bistrot sans regarder sa montre toutes les deux minutes. Parce que soyons honnêtes : « je suis en chemin » signifie très probablement « je suis en pyjama en train de me faire des œufs au plat ».
La bonne nouvelle ? C’est le bon moment de téléphoner à votre grand-mère, de faire une story culpabilisante en mode En attendant Godot, voire de remplir votre déclaration d’impôts en ligne.
Groupes WhatsApp : théâtre d’un espoir collectif
Chaque été, un phénomène se répète avec la précision d’une horloge helvète : le groupe WhatsApp pour aller à la plage. Le scénario est toujours le même. Un « Qui est chaud pour aller à la plage dimanche ? » qui récolte 9 flammes et 14 pouces levés. Tout le monde est hypé. On propose d’abord la Barceloneta (non), puis Bogatell (ok), et enfin Ocata (« c’est loin mais y’a personne »). Samedi soir, quelqu’un suggère un volley. Quelqu’un d’autre parle d’« amener sa guitare ». Plein d’espoir, le naïf se voit déjà dans un remake de Friends version ibérique où le tinto de verano coule à flots entre deux bains de mer.
Mais dimanche, 12h : c’est le drame.
La moitié des participants déclare la gueule de bois, l’autre omet simplement de répondre. Résultat : la plage est bien vide. Vous voilà donc en compagnie d’une vague connaissance et d’un silence gênant à la gare d’Ocata.
Pour éviter ce genre de déception cuisante, on privilégie des activités en plus petit comité, ou on apprend à faire des choses seul. Après tout, il y a de grandes chances pour que vous retrouviez quelques membres éparpillés du fameux groupe WhatsApp, qui arriveront au compte-goutte.
La bonne nouvelle ? En été, les journées sont longues.
Les applications de rencontre ou le lieu-dit du faux plan
Sur le papier, tout avait l’air parfait. Il était grand, joli garçon, et savait écrire une phrase sans faire 20 fautes d’orthographe. Mais le jour J, patatras. Alors que vous étiez allée chez le coiffeur, aviez acheté une nouvelle robe et passé deux bonnes heures dans la salle de bain, voilà qu’il annule votre date… vingt petites minutes avant l’heure dite. Son excuse Ce malappris va jusqu’à vous écrire à 2 heures du matin qu’il est en boîte, qu’il pense à vous et que, si ça vous dit, vous pouvez passer.
La mauvaise nouvelle pour lui ? Vous ne travaillez ni chez Uber Eats, ni chez Glovo. Quoique, à ce niveau d’impolitesse, il a sûrement cru que vous étiez bénévole aux Restos du Cœur.
La bonne nouvelle ? Il vous a fait gagner un temps précieux. Et, comme dirait Jacques Brel : Au suivant.