En Espagne, les concerts à prix d’or bientôt régulés ?

Equinox Barcelone Bad Bunny

À chaque méga-concert en Espagne, c’est la même histoire : des prix hors-sol et des files virtuelles interminables. Une perte de temps et d’argent mais un très beau bénéfice pour les plateformes de vente de tickets. Comment faire pour contrôler le phénomène ?

Photo : Bad Bunny

Bad Bunny – star du reggaeton et sponsor officiel d’un été réussi – a annoncé début mai 12 concerts en Espagne en 2026. Une nouvelle très attendue par ses fans ibériques, jusqu’à ce qu’ils veuillent s’acheter une place. Le problème ? Le prix des billets (à partir de 80 euros) mais surtout les frais additionnels imposés par TicketMaster, vendeur officiel, qui sont aussi opaques qu’exorbitants.

À mesure que l’on avance dans la commande, les frais s’accumulent : commission de service, gestion, traitement… Jusqu’à atteindre des montants difficilement justifiables et qui font grimper à plus de 500 euros le prix d’une place. Parmi ces coûts additionnels se cache une pratique appelée les prix dynamiques. Le principe est simple : plus la demande est forte, plus le prix augmente.

L’idée est importée du secteur aérien et hôtelier, mais son application dans le domaine culturel est franchement discutable. Elle transforme chaque concert en salle d’enchères permanente. Résultat : les fans avec moins de pouvoir d’achat sont systématiquement écartés des meilleures places, faute de moyens.

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À cela s’ajoute un supplément surréaliste : la « donation obligatoire ». Présentée comme un geste solidaire, elle est appliquée sans que l’acheteur puisse la refuser, et sans aucune information sur son destinataire ou son utilité. Bien évidemment, aucun de ces frais n’est remboursable en cas d’annulation de l’événement.

Face aux abus répétés, les associations de consommateurs espagnoles montent au créneau et appellent à une réforme d’ampleur. L’OCU (association des consommateurs espagnols) a par ailleurs porté plainte cette semaine contre TicketMaster auprès du ministère de la Consommation espagnol pour des frais jugés « irréguliers et abusifs » dans le cas des concerts de Bad Bunny. De son côté, le ministère a annoncé l’ouverture d’une enquête.

Revendre, la bonne affaire

Sold-out en 24 heures, la tournée espagnole de Bad Bunny souffre aussi d’un autre mal : la revente. En l’absence de législation claire en Espagne, les plateformes de billetterie proposent elles-mêmes la revente entre particuliers, moyennant commission. Rien n’interdit de fixer un prix arbitraire, ainsi des places à 700 euros circulent en toute impunité pour le concert de Benito à Barcelone, à l’heure où nous écrivons cet article.

Pendant ce temps, les distributeurs prélèvent leur pourcentage et se lavent les mains du reste.

 

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Certaines entreprises de vente de tickets tentent de limiter les fraudes, comme l’application Dice. Elle ne propose pas de billet en PDF mais un accès uniquement via son application mobile, avec un QR code activé peu avant le concert.

Ce système reste tout de même marginal, tandis que la majorité des distributeurs continuent d’alimenter un système favorable aux spéculateurs. Reste à trouver un modèle économique qui ne lèse ni les artistes, ni leurs fans, ni les plateformes… Pour contrer le phénomène, l’OCU plaide pour une législation inspirée de celle de l’Irlande, qui limite la revente à 20 % au-dessus du prix d’origine.

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