Plus fragile que jamais, Pedro Sánchez sur la sellette

pedro sanchez

Le socialisme triomphant en Espagne est en passe d’être vaincu. Après une série de déconvenues politiques, la dernière en date étant le refus de l’Union européenne de reconnaître le catalan comme langue officielle, le Premier ministre Pedro Sánchez pourrait emprunter, dans un futur très proche, la porte de sortie. 

Il lui manque des députés, il lui manque une légitimité renforcée, et surtout, il lui manque la réalisation de ses promesses. Parmi les engagements majeurs pris en début de législature auprès de Junts, le parti indépendantiste de Carles Puigdemont, celui de faire du catalan une langue officielle de l’Union européenne s’est heurté à un mur diplomatique. En septembre 2023, Pedro Sánchez s’était personnellement engagé auprès de  Puigdemont à porter cette revendication à Bruxelles, en échange du soutien parlementaire des sept députés indépendantistes de Junts, indispensable pour former une majorité.

Mais ce mardi 21 mai, lors du Conseil des Affaires générales de l’Union, au moins dix États membres, l’Allemagne, la Suède, l’Autriche ou la Croatie ont exprimé des réserves, principalement financières et juridiques. Pourtant, l’Espagne avait proposé une application progressive à partir de 2027, et s’était engagée à prendre en charge l’intégralité des coûts, estimés à 130 millions d’euros par an.

Dans les couloirs de Bruxelles, plusieurs sources diplomatiques évoquent une campagne active menée par le Partido Popular (PP), principal parti d’opposition en Espagne, pour torpiller la proposition du gouvernement. Le PP aurait directement sollicité ses alliés européen pour faire bloc contre l’initiative. L’Italie, dirigée par Giorgia Meloni, aurait ainsi mené la fronde diplomatique, après des échanges avec Alberto Núñez Feijóo, chef de l’opposition espagnole. Le but de la droite est de séparer Pedro Sánchez de Carles Puigdemont, en le privant ainsi d’un soutien politique vital.

Et ce travail de sape pourrait porter ses fruits. Ce nouveau revers fragilise un engagement clé de Pedro Sánchez envers Junts, un parti indépendantiste dont les électeurs ont le plus grand mal à faire confiance dans les dirigeants espagnols. D’autant plus que la loi d’amnistie, censée effacer les poursuites judiciaires consécutives à la déclaration illégale d’indépendance de 2017, est enlisée dans les méandres de la justice et ne bénéficie toujours pas au leader Puigdemont. Par ailleurs, le gouvernement Sanchez n’a pas encore rendu effective ou la délégation de certaines compétences à la Catalogne comme la politique migratoire. En somme, Pedro Sánchez n’a tenu aucune promesse faite à Carles Puigdemont, qui pourrait tourner le dos au gouvernement et provoquer, tôt ou tard, sa chute.

Une opinion publique en désamour

Le chef du gouvernement ne peut plus s’appuyer non plus sur un soutien populaire solide. Selon un sondage du CIS publié début mai, et un autre d’Ipsos en début de semaine, si les élections législatives avaient lieu aujourd’hui, la coalition entre le Parti socialiste et l’extrême gauche serait devancée par un bloc de droite formé par le Partido Popular et les radicaux de Vox.

L’opinion publique est marquée par plusieurs mois de crise inflationniste, une série de scandales entourant des proches du Premier ministre, et le récent black-out électrique qui a touché plusieurs régions du pays. Autant d’éléments qui nourrissent une volonté de changement chez de nombreux Espagnols.

Recommandé pour vous