Toute l’année, les terrains de beach-volley envahissent les plages de Barcelone, accueillant des joueurs venus des quatre coins du monde. Entre rencontre et accessibilité, comment le sport a-t-il conquis le littoral ?
Photos : Eloik
Un samedi après-midi du mois de mai sur la plage de Bogatell. Juste derrière ceux qui se prélassent au soleil se dressent des dizaines de filets jaunes. De part et d’autre de ceux-ci, joueurs et joueuses s’essoufflent, crient, suent : ils jouent au beach-volley. Mais cette discipline olympique n’est pas l’apanage de l’été barcelonais. On le pratique de tout temps, à toute heure et de plus en plus, surtout depuis la fin de la pandémie. La levée de restrictions a démarré un vrai engouement pour le sport et aujourd’hui, impossible de faire un pas sur une plage barcelonaise sans craindre qu’un ballon n’atterrisse sur son crâne.
Mais les joueurs maitrisent, enfin la majorité. Car si beaucoup sont des sportifs aguerris, on se réunit surtout pour pour se rencontrer. Saya a 26 ans. Originaire de banlieue parisienne, cette ingénieure a emménagé dans la ville il y a un 1 an et demi, en recherche d’une meilleure qualité de vie. « Quand je suis arrivée à Barcelone je ne connaissais personne donc le volley, c’était vraiment la clé pour trouver ma communauté. »
Mordue de volley depuis toute jeune, en faire dans la capitale catalane s’est imposé comme une évidence, jusqu’à ce que ces sessions rythment son quotidien : « C’est devenu mon passe-temps, y compris en semaine maintenant. Moi j’étais habituée au métro-boulot-dodo à Paris, mais maintenant je joue même le matin. Je me réveille à 6h, je rejoins les copains à la Barceloneta et ensuite on va au bureau. On fait une fois le mardi, une fois le jeudi et tout le week-end on joue ensemble. » Petit à petit, elle s’est construit une communauté d’amis venus de pays différents mais tous réunis autour de la passion du volley.
Pour rejoindre ces cercles, rien de plus simple : des applications comme BeachUp ou Volley World App permettent de s’inscrire à des dizaines de parties, de tous niveaux. C’est comme ça que Saya a rencontré Eloik, 27 ans, en VIE à Barcelone depuis près d’un an.
Celui qui a grandi à la Réunion était un habitué du beach-volley, mais pas sur autant de terrains ni avec autant de participants. Il décrit une vraie communauté, presque un monde à part : « Tu te lies d’amitié avec les gens au-delà du volley, c’est très courant de se retrouver à manger un bout ou boire un coup après, tous crasseux et plein de sable. Quand on y goûte c’est rare d’en ressortir car il y a vraiment une bonne ambiance, le sport est très amusant et aussi challengeant, et c’est comme une petite famille. De l’extérieur ça doit paraître comme une secte car les discussions reviennent très souvent à des références de volley évidemment, mais s’ouvrent aussi sur beaucoup plus de sujets plus intimes, les dernières aventures amoureuses ou les crushs qu’on a sur des personnes qui jouent… Les journées volley où tu te réveilles à 7h du mat et joue jusqu’au coucher du soleil sont super épuisantes, mais c’est de la bonne fatigue. Tu déconnectes, tu touches très peu au téléphone et tu as ta dose de sport pour la semaine. »
L’été, meilleur ennemi des volleyeurs
Le seul bémol ? L’été, où certaines restrictions imposées par le gouvernement catalan empêchent de jouer à sa guise. Car si en basse saison les terrains peuvent s’installer partout, l’été ce n’est pas la même chose. Plus de touristes signifie moins de place : un cordeau définit les endroits réservés aux sport dits « libres ».
Et pour avoir un spot, mieux vaut se lever tôt, car les joueurs sont nombreux et l’espace rare. Et puis la chaleur nécessite plus de préparation, nous explique encore Eloik : « Il faut de quoi se protéger du soleil, on se cotise pour acheter des marquises ou des tentes pour la journée et des glacières pour les boissons. » Mais un bon point efface tous les autres : l’été, on peut jouer après le travail.
L’attrait du beach-volley tient aussi et surtout à son accessibilité. Pour jouer, on a seulement besoin d’un maillot de bain, un filet trouvable à Decathlon pour 100 euros et un ballon qui coûte 9 euros. Le beach-volley, c’est un peu l’identité barcelonaise faite sport, puisqu’il mêle plage, rencontres, activité physique et légèreté. Tous au filet !