Au lycée français de Barcelone, il y a des élèves, certes, mais aussi des enseignants. Arrivés là par hasard ou vocation, certains professeurs français nous ont raconté leur histoire.
Photo : mairie de Barcelone
Qu’y a t-il de mieux qu’être professeur, passant ses journées à transmettre son savoir aux enfants ? Peut-être le faire à l’international. Les lycées français de l’étranger constituent un réseau unique au monde : aucun autre pays ne dispose d’un système scolaire aussi étendu sur la planète. Avec 600 établissements et près de 390 000 élèves accueillis, le réseau de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) propose de suivre dans n’importe quel pays du monde le cursus bleu-blanc-rouge.
L’une de ses plus grosses antennes en Espagne se trouve à Barcelone. Dans le quartier de Sarriá – Sant Gervasí, environ 3 000 élèves – français, espagnols, bi-nationaux et quelques autres venus d’ailleurs – s’y pressent tous les matins. Enfants de diplomates, de Français installés là ou d’Espagnols désireux d’offrir à leurs enfants une école de renom, tous ont choisi le LFB.
Pour les encadrer, quelques 300 enseignants venus des quatre coins de la francophonie, attirés ici par la qualité de vie, la langue ou simplement le hasard. C’est le cas de Simon*, professeur de mathématiques au LFB. À presque trente ans, il n’est pas un petit nouveau à l’AEFE. Pourtant, rien ne le prédestinait à devenir professeur : c’est le hasard de la vie, de voyage en découverte, qui l’y ont conduit.
D’abord formé en tant qu’ingénieur, il entend un jour dire que l’on peut, avec ce diplôme, tenter la carrière de professeur.
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En 2021, il regarde sur le site de l’AEFE les postes ouverts. Année post-Covid chaotique aidant, les portes d’un lycée français d’Amérique du Sud s’ouvrent en juillet pour un poste en mathématiques. « Un vrai coup de chance », explique celui qui à l’époque n’est pas encore vraiment professeur. Pendant son année sur place, l’AEFE l’accompagne : formations, tutorats, Simon est pris en charge comme n’importe quel autre enseignant et à la fin de l’année scolaire, il en est sûr, c’est ce métier qu’il veut exercer.
Mais l’Europe lui fait de l’oeil et il trouve un poste en Angleterre. Il ne pensait pas être retenu, mais en plein Brexit, il parvient à décrocher le job. Un an plus tard, il repart à Alicante, avant d’arriver à Barcelone en 2024. Cette fois-ci, il compte bien y rester. « Je ne me vois pas faire autre chose », confie-t-il.
Un métier qui vieillit ?
Se verrait-il aussi enseigner en France un jour ? « Pas du tout. Ici, il faut le dire, on a une vraie qualité de vie », continue-t-il. Aline* acquiesce de plus belle. Prof de sciences au LFB, elle, au contraire, a déjà enseigné en Belgique d’où elle est originaire : « Je ne pensais pas que mon métier était exportable avant ! Mon expérience dans les lycées français de l’étranger est 100% positive. »
La trentenaire, passée par un lycée de l’AEFE au Mexique, « hallucine devant les moyens financiers et la qualité des élèves », deux atouts qui « changent tout ». Avec des frais de scolarité à 7 000 euros par an – hors cantine – les budgets sont en effet à la hauteur.
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De tous points de vue, la vie de professeur dans les lycées français de l’étranger est une aubaine, surtout comparée à celle de l’Hexagone, où près de la moitié des enseignants disent éprouver très souvent, voire toujours, de l’anxiété, de la dépression ou du désespoir, selon le Réseau Éducation et Solidarité. Malheureusement, les postes à l’international sont rares et on n’intègre le réseau que si l’on en fait déjà partie.
Simon le rappelle : son cas est exceptionnel. Et quand Aline a trouvé une place au Mexique, c’était car un enseignant s’était désisté à la dernière minute. À part ces quelques exceptions, le LFB, comme les autres établissements de l’AEFE, compte surtout des professeurs détachés – envoyés par la France, contrairement aux contrats locaux comme celui de Simon – plus âgés, qui ont obtenu des contrats à vie.
Jusqu’en 2019, ces postes étaient en effet permanents, laissant peu de place aux nouvelles générations. Depuis, la loi a changé : désormais, les enseignants ne peuvent rester que six années consécutives au maximum. Une chance, peut-être, pour de futurs Simon et Aline.
*les prénoms ont été changés pour respecter l’anonymat des interviewés