En Espagne, on fête et en France, on casse

Alors que le PSG vient de remporter la Ligue des champions, la victoire est assombrie par les violences post-match à travers tout l’Hexagone. En Espagne, pourtant grande nation de football, ce type d’actes reste marginal. Comment l’expliquer ? Analyse.

Photo : Emilio Morenatti AP

Plus de 500 interpellations, un mort à Paris, un autre à Dax, des policiers blessés : le bilan des célébrations qui ont suivi le sacre du PSG ce week-end est loin d’être glorieux. Qu’en est-il de l’autre côté des Pyrénées ? Les sociologues ibériques interrogés contestent toute innocence de l’Espagne, rappelant que le pays connaît lui aussi des violences liées au sport. Mais à la comparaison des chiffres, il n’y a pas photo : la France est championne des débordements.

Si l’on compare deux événements similaires – les victoires en Ligue des champions à Paris et à Barcelone – le constat est sans appel. Côté français, on compte deux morts et plus de 500 interpellations. Côté catalan, lors du dernier triomphe du Barça en 2015, seulement sept arrestations à Barcelone. Ce n’est pas un concours, mais force est de constater que l’intensité des célébrations diffère radicalement.

François David, journaliste sportif à Barcelone pour Le Parisien et Movistar, connaît bien le climat des célébrations catalanes. Le 16 mai dernier, lors de la parade victorieuse du Barça après son sacre en Liga, il s’est rendu à l’Arc de Triomf. “Je suis arrivé à 21h. J’ai vu trois personnes bourrées mais festives, presque aucun policier. Dans le métro, ça chantait, mais je ne me suis jamais senti en insécurité. C’était très bon enfant, rien à voir avec ce qui s’est passé à Paris.” 

Equinox Barcelone emeutes

Photo : Patrick Gely SIPA

Comment expliquer une telle différence ? Pour le journaliste, le problème n’est pas le sport, mais les casseurs, “des mecs qui n’aiment pas le foot.” Un constat partagé par Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, qui évoque des “individus animés d’intentions malveillantes, et qui n’étaient pas vraiment des supporters du PSG”.

À Barcelone, l’absence de débordements tient peut-être aussi à une répression policière moins marquée qu’en France. Pour la sociologue Marina Subirats, la gestion de la foule diverge entre les deux pays, et elle estime « qu’en France il y a une plus grande répression de ces événements de rue ». Une répression parfois très musclée, qui peut mener à une certaine escalade de la violence, bien que cela n’explique pas tout.

Les fêtes populaires

Un autre indice de pacifisme espagnol peut être trouvé dans les fêtes de quartier barcelonaises, comme les fiestas mayores, où l’alcool coule à flot (souvent un facteur de violences) et qui se déroulent pourtant dans le calme. Seule exception à cette tranquillité : les manifestations politiques.

Lire aussi : Pourquoi les fêtes populaires ont la cote ?

La Catalogne a vécu d’importants moments de tension lors des grandes heures de l’indépendantisme, et notamment en octobre 2019, suite aux lourdes peines prononcées à l’encontre des leaders séparatistes. La manifestation la plus violente fut la « fameuse bataille d’Urquinaona » qui avait fait plus de 600 blessés et 200 interpellations.

Un record malheureux, presque égalé par une fête qui défie toute logique : la Sant Joan. En 2024, lors de cette nuit de feux d’artifice et de beuverie, 20 millions d’euros de pétards ont été vendus, avec à la clé 4 morts, 55 interpellations, 833 interventions de pompiers et plus de 7 400 appels au 112. Un cas particulier qui, lui, peut rivaliser – tristement – avec les chiffres français.

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